Algérie

Championnat national de football: Il faut partir à point



Au moment où certaines équipes de première division bouclaient leur deuxième stage de préparation, à la mi-août, d'autres tentaient difficilement d'entamer leur premier regroupement de la saison. Ce décalage dans le calendrier de préparation révèle une différence de fond entre les équipes qui ont un projet sportif, un cap et une démarche cohérente, et celles qui tentent de parer au plus pressé pour survivre ou pour s'imposer par d'autres moyens que le travail. Dans le premier lot, on retrouve quatre équipes qui se sont bien classées la saison dernière malgré la modestie de leur effectif : la JSM Bejaïa, l'USM Alger, le WA Tlemcen et l'USM El-Harrach. Ces formations ont procédé à leurs recrutements assez tôt et ont engagé un travail de fond destiné à valoriser au mieux les potentialités de leurs joueurs. Elles sont toutes trois dirigées par des entraîneurs qui ont fait preuve d'une certaine rigueur, avec un point commun : ce sont les entraîneurs qui contrôlent totalement le volet technique.

 Au sein de ces équipes, le président et les autres dirigeants se chargent du volet administratif et financier, laissant à l'entraîneur l'exclusivité du volet technique, sans tenter de lui imposer des choix de joueurs. A moins d'un accident, il est fort probable qu'on retrouvera ces équipes en haut du classement en juin 2011. Mais l'accident est possible, et il pourrait concerner l'USMA, où la donne semble en train de changer. Les dirigeants de cette équipe ont en effet pris contact avec un entraîneur français dans le but de «renforcer» le staff technique. Ce qui, en d'autres termes, signifie que le rôle de Noureddine Saadi risque d'être remis en cause, ce que l'entraîneur de l'USMA refuse catégoriquement. L'arrivée du groupe Haddad à l'USMA risque ainsi de chambouler le club. On n'injecte pas des sommes aussi importantes que celles annoncées par le groupe Haddad – on parle de 800 millions de dinars – sans être tenté de commander. L'USMA aura donc plus d'argent, plus de moyens, mais rien ne garantit qu'elle aura de meilleurs résultats si les détenteurs d'argent décident de s'occuper de technique, de tactique et de choix des joueurs. L'exemple de l'ES Sétif, le plus gros budget de la première division, a montré la force et les limites de l'argent dans le football. Avec ses moyens et le soutien remarqué de l'administration locale – pourquoi la wilaya de Sétif donne autant d'argent et les autres wilayas ne le font pas –, Sétif a cannibalisé le championnat national. Dès qu'un joueur émerge, il est acheté au prix fort, réduisant les autres équipes à tenter de dénicher de jeunes talents dont la valeur sur le marché n'est pas encore prohibitive. L'ES Sétif a ainsi acheté les deux joueurs révélés par Tlemcen, décapitant cette équipe. Résultat : le salaire de trois joueurs de Sétif représente le salaire de l'ensemble des titulaires de certaines équipes moins riches ! Mais cela n'empêche pas Sétif d'être sur le chemin descendant. Son président, Abdelhakim Serrar, a annoncé sa énième démission «irrévocable», avant de limoger son entraîneur et de déstabiliser l'équipe une nouvelle fois. En parallèle, d'autres équipes ont réussi à se doter de budgets élevés pour concurrencer l'ESS sur le marché des transferts. Le résultat pour les Sétifiens risque d'être cruel. Ils ont raté leur préparation d‘avant saison, ils sont en mauvaise posture en Ligue des champions d'Afrique, et un engrenage négatif n'est pas exclu. Mais l'Entente reste bien logée, comparée à d'autres équipes où la situation est alarmante, comme le Mouloudia d'Oran, le CR Belcourt, le CA Bordj Bou-Arriredj et d'autres. Entre querelles de dirigeants, conflits avec les joueurs, difficultés financières et instabilité, ces équipes arrivent à peine à survivre. Le CRB a été balayé en compétition africaine et a échappé de peu à la relégation la saison dernière, tout comme le MC Oran. La différence entre les deux groupes d'équipes se résume à un point essentiel : la stabilité pour certains clubs, les changements selon l'humeur des présidents et du public pour les autres. Même si les entraîneurs ont eux aussi leur part de responsabilité : pendant que certains, comme Djamel Menad ou Noureddine Saadi en sont à leur deuxième club en une décennie, d'autres, comme Aït-Djoudi en est à son quinzième club. La stabilité est donc une condition nécessaire mais pas suffisante pour réussir. Elle doit être liée à l'existence d'un projet sportif. Autrement, la stabilité deviendrait simple stagnation dans la médiocrité.




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