Algérie

Champion d'humanisme Prix Femina 2012. Peste et choléra de Patrick Deville


Champion d'humanisme                                    Prix Femina 2012. Peste et choléra de Patrick Deville
Un roman magistral sur Alexandre Yersin, le vainqueur de la peste.
L'humanité a mis du temps à vaincre certaines épidémies qui ont causé des millions de morts. L'une de ces maladies infectieuses, la plus crainte en fait, fut sans conteste la peste. Il a fallu attendre l'époque moderne, c'est-à-dire le XXe siècle, pour voir la médecine triompher de ce fléau.
C'est un certain Alexander Yersin, un scientifique discret et un disciple de Pasteur, qui est à l'origine du vaccin qui a délivré à jamais l'humanité des ravages inimaginables que causait la peste. Dans son nouveau livre, paru aux éditions du Seuil et intitulé Peste & Choléra, Patrick Deville retrace cette formidable épopée qui lui vaut d'obtenir le Prix Femina 2012. Avec l'aide du scribe du futur, sorte de témoin intemporel, prototype du journaliste d'investigation qui chemine avec Alexander Yersin à rebours, l'auteur relate une véritable aventure scientifique. Le scribe nous fait découvrir un homme irréprochable, entrepreneur, novateur et profondément humaniste, doublé d'un infatigable voyageur. Ce scientifique n'avait qu'une seule ambition, celle de rendre service à son prochain, et d'embrasser des domaines où on ne l'attendait pas.
Patrick Deville suit son personnage à la trace et restitue aux lecteurs ces moments de basculement qui ont fait progresser l'humanité. Il répare ainsi une injustice qui fait que l'on oublie souvent de citer le nom de ce savant, même à propos de la peste et du choléra. On apprend ainsi qu'Alexander Yersin, né dans une famille bourgeoise suisse, à Morges, dans le canton de Vaud, en 1863, a d'abord étudié en Allemagne. Mais, rapidement, il s'aperçoit que l'enseignement dans ce pays est basé sur la théorie, avec ce ton magistral où la communication ne se fait que dans un seul sens. Or, Yersin est «pragmatique, expérimental, il a besoin de toucher, de manipuler, de construire des cerfs-volants».
Ayant fait ce constat, l'étudiant cherche où s'épanouir et se réaliser. Il se rend ainsi à Paris, aux environs de l'année 1885. C'est un moment crucial pour les découvertes en tous genres. Les grands explorateurs qui sillonnent le monde deviennent des héros populaires, et Louis Pasteur réussit avec succès à vaincre la rage. Par un heureux hasard, Yersin est introduit par son condisciple Emile Roux auprès de Louis Pasteur qui constituait une équipe de scientifiques pour venir à bout des épidémies. Trois ans plus tard, Yersin obtient son doctorat avec une brillante mention.
Mais, il ne reste pas longtemps dans le sillage de Pasteur et décide de partir ailleurs, d'aller au devant du vaste monde qui ne cesse de livrer ses secrets. Il rejoint le grand port du Havre et devient médecin de bord du paquebot Le Volga qui fait la ligne Saigon-Manille. Les Philippines révèlent en lui un goût prononcé pour l'astronomie. Le scribe du futur ne comprend pas pourquoi Yersin laisse les lampions de Paris et la perspective d'une grande carrière scientifique pour aller vers un horizon aléatoire. Dans sa retraite asiatique, Yersin garde quand même le contact avec Paris et ses collègues pasteuriens. Il suit de loin les évolutions de la recherche et l'état d'avancement des découvertes. Infatigable, il part explorer les lieux inatteignables de la jungle asiatique, à la rencontre de certaines tribus autochtones. Il leur apporte la vaccination et surtout des mesures hygiéniques pour améliorer leurs conditions de santé et de vie.
Toujours pris par cette dynamique humanitaire, l'occasion se présente à lui de se remettre dans le bain des recherches scientifiques. En 1894, une épidémie de peste se déclare en Chine. Il arrive à Hong-Kong et fait rapidement une constatation capitale : «Je remarque beaucoup de rats morts qui gisent sur le sol». Une course contre la montre s'engage pour essayer d'enrayer l'avancement de l'épidémie, d'autant qu'une équipe japonaise monopolise l'accès aux informations. Yersin ne perd pas son temps et effectue un prélèvement de bubons sur des corps subtilisés à la morgue !
L'observation au microscope lui permet de découvrir le bacille de la peste. A partir du moment où le bacille est identifié et isolé, la fabrication du vaccin devient un jeu d'enfant. Yersin n'a pas l'âme d'un égoïste et rend toujours publics ses résultats, faisant ainsi profiter les autres chercheurs de ses découvertes. Le vaccin vient à bout d'une épidémie qui a fait des dizaines de millions de morts.
Yersin oublie rapidement ce coup d'éclat pour se replonger dans autre chose. Constamment en mouvement, il ne se repose jamais sur ses lauriers. Il revient au Cambodge, où il est installé depuis son départ de Paris. Nha Trang est sa ville d'adoption, son repère de toujours. Dans sa ferme, il cultive toutes sortes de légumes inconnus en Asie et élève des animaux.
Il cherche à travers ses activités une certaine prospérité pour financer les travaux de l'institut Pasteur. Il ne s'arrête jamais et l'envie d'entreprendre et la curiosité de tout connaître donnent un sens à sa vie. Sa journée est rythmée par les lectures des revues scientifiques, et de nouveaux centres d'intérêt pour la physique, la mécanique et l'électricité.
Lors d'une rencontre avec des lecteurs, Patrick Deville a affirmé qu'en plus de quatre ans de recherche nécessaires à l'écriture de cette biographie romancée, il n'a pas trouvé en Yersin un seul défaut. Peut-être que l'humanisme de cet homme lui a fait atteindre la perfection '
Patrick Deville, «Peste & Choléra», Editions Le Seuil, 2012.
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