Algérie

CHAKIBSOU ET LE 19 MARS.



CHAKIBSOU ET LE 19 MARS.
Le merveilleux cadeau, la surprise du package politique algérien, en ce 54ème anniversaire de la signature des Accords d'Evian (le 18 mars 1962) consacrant le recouvrement de la souveraineté nationale et du Cessez-le-feu annoncé le lendemain. Chakib Khelil est de retour en Algérie ! Enfin, le Picsou algérien (Chakibsou pour les intimes. Chakib, du verbe chakibiser), formaté à Texas University, assermenté auprès de la Banque Mondiale et, surtout, apprécié par le cartel du pétrole du pays de l'Oncle Sam a une nouvelle fois foulé le sol de l'Algérie, la veille du 18 et l'avant-veille du 19 Mars ! Décidément, Chakibsou a une histoire particulière avec ce rendez-vous de l'Histoire !Du coup, il n'a pas manqué de fouler au pied producteurs et promoteurs du feuilleton Sonatrach, idiots utiles, « intelligentsia » inutile, cadres humiliés et emprisonnés injustement, peuple dépouillé, nation trahie et souveraineté mise aux enchères ! Qui dit mieux ou...pire '!Sur le chemin du retour, histoire de ne pas déroger aux « bonnes manières », il a rendu visite à Arsène Lupin, l'ami de l'ombre, ce charmeur redoutable qui savait joindre le vol à la bienséance.Les aventures d'Arsène Lupin ont affiné l'esprit de Chakibsou. Elles lui ont évité une mésaventure judiciaire programmée. Surtout, elles lui ont appris à se tirer d'affaire quand trop d'affaires tuent les affaires et quand d'autres se tirent une balle dans le pied à trop jouer aux malins.C'est qu'il fallait apprendre de ses prouesses, habiter son personnage pour accéder à la recette secrète, celle qui fait fleurir le pot de roses hors saison et à l'abri de toute mauvaise surprise.Pour y arriver, il est important de retenir une chose : la raison d'Etat à des raisons que la raison humaine ne connait pas. Avec sa tête de premier de la classe, Chakibsou a retenu la leçon. Il en a même fait une devise comptable en dollar ou en euro, c'est selon les circonstances et, surtout, le sponsor ! Passons...Chakibsou est un personnage bien particulier. Il a surtout une histoire particulièrement saisissante avec le 19 Mars.Droit dans ses bottes et sous sa casquette de ministre de l'Energie et des Mines, il a concocté une vente aux enchères de la souveraineté économique du pays 'et, en conséquence, de sa souveraineté politique- présentée, le 19 Mars 2005 (correspondant au 39ème anniversaire du Jour de la Victoire), sous la forme de ce qui est communément appelé « la loi Khelil » sur les hydrocarbures devant une « Assemblée Nationale » de...54 députés présents sur 389 que comptait cette « assemblée » à l'époque. Surenchère clientéliste oblige, les quotas des législative ont connu une augmentation, passant à 462 sièges réservés aux lèves-mains et à « l'opposition parlementaire ».A cette époque, celle du 2ème mandat du président qui n'avait pas encore acquis la capacité de se faire élire par contumace, les « Rab D'zaïr » et autres barons d'Alger voulaient offrir Sonatrach, les gisements de pétrole et de gaz algériens sur un plateau aux multinationale qui voulaient le beurre, l'argent du beurre, la crémière et la vache à traire, monnayant des commissions conséquentes.«La loi Khelil» était un arsenal de 115 articles visant à mettre fin au monopole de l'Etat sur Sonatrach et de cette dernière sur le marché algérien des hydrocarbures à fin de préparer l'ouverture de son capital aux multinationales ! En termes de géopolitique, ce dispositif préparait l'Algérie à jouer le rôle de succursale régionale de la mise à mort des Etats postcoloniaux de l'Espace nord-africain, de l'espace méditerranéen et de l'espace sahélien par ce que le sociologue Jean Ziegler appelle « la dictature planétaire du capital financier globalisé». Une dictature mondiale constituée, selon M. Ziegler, de « 500 sociétés transcontinentales » qui préparent « un gouvernement du monde sans Etats ». Rien que cela !C'est dire la particularité du rapport qu'entretien Chakibsou avec le 19 Mars et la question de la souveraineté.Cela dit, il est sidérant de constater à quel point Chakibsou arrive-t-il à surfer sur notre imaginaire, à se jouer de nos consciences et à se foutre de nous !Son retour a suscité des réactions telles que l'on est arrivé à oublier que l'impunité est inscrite dans l'ADN du régime algérien. Le Président absent n'a-t-il pas été condamné, en 1983, par la Cour des Comptes, pour « gestion occulte de devises au niveau du ministère des Affaires étrangères » ' Aujourd'hui, il occupe le fauteuil roulant d'El Mouradia pour un 4ème quinquennat consécutif. L'ex-pharaon du DRS n'a-t-il pas été désigné par feu Said Mekbel comme étant l'auteur de la terrible théorie du « terrorisme pédagogique» ayant nourri « la sale guerre » qui a fait plus de 200 000 morts et de 20 000 disparus ' Aujourd'hui, il se la coule douce au bord de la mer, au Club de Pins. L'ex-Mokh des Moukhabarat n'a-t-il pas été reconnu à la tête de la bande qui a déclenché les tueries de 2001, en Kabylie, via « une fuite organisée » d'un document secret de l'armée algérienne ' Aujourd'hui, on n'entend presque plus parler de lui.Et la fameuse loi sur « la réconciliation nationale », n'a-t-elle pas consacré l'impunité dans le seul but de sceller le dossier du « qui-tue-qui ' » ' Aujourd'hui, nombreux sont ceux qui se sont rendu compte de la pertinence de cette question.Pour éviter d'avoir le cafard, il est utile de voir comment le retour de Chakibsou fait voler en éclats l'idée de « l'Etat civil » et de « la nouvelle république » que veulent nous vendre les tenants actuels du régime, à coup de folklorisassions accélérée du discours politique, assurée par Saâdani, lui-même cité dans des affaires !En effet, ce retour met en évidence l'absence du pouvoir judiciaire en Algérie. Cela montre que « la séparation des pouvoirs » vantée et chantée à la « faveur » des « dispositions de la nouvelle Constitution » n'est qu'une chimère. En clair, l'exercice réel du pouvoir continue d'échapper à l'encadrement de la Constitution et au contrôle des institutions.Sur le double plan, politique et économique, l'informel continue de faire la pluie et le mauvais temps pour l'algérien lambda, le printemps en toute saison pour la caste militaro-mafio-ploutocratique qui gère la destruction du pays.A l'aune du 54ème anniversaire de la signatures de Accords d'Evian et du Cessez-le-feu du 19 Mars 1962, il est important de rappeler ce qui suit : le peuple algérien a le droit de se constituer partie civile et d'assigner le régime et ses différentes composantes claniques devant le tribunal de l'Histoire.Seulement, pour y parvenir, il est important d'éviter les pièges du carriérisme parlementaire, de l'opposition organique et du radicalisme populiste. Car, l'algérien lambda ne fréquente ni les couloirs d'une Assemblée dont les sièges sont livrés par quotas, ni les salons feutrés des hôtels huppés d'Alger. Aussi, il n'a que faire de ceux qui soufflent sur les braises de l'antagonisme des appartenances religieuses ou identitaires.L'algérien lambda a besoin d'espaces pour s'exprimer et libérer ses capacités de mobiliser les richesses populaires qui, il y a 54 ans, ont vaincu la quatrième puissance mondiale, soutenue par l'Otan.Hacène LOUCIF.




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