Algérie

Chakib Khelil revient sur les pressions contre l'OPEP



La réunion extraordinaire de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est devenue comme une date butoir pour toutes les spéculations sur le marché pétrolier, plus ou moins atteint par la crise qui secoue les grandes places financières mondiales. Le président en exercice de l'organisation, le ministre de l'Energie Chakib Khelil, a, dans une intervention à la radio nationale, clairement indiqué que l'OPEP entend se défendre et défendre sa politique des prix. «Il y a des pressions exercées (sur l'OPEP) dans le mauvais sens», a-t-il dit pour expliquer que l'OPEP se doit de réguler le marché pétrolier et éviter qu'il ne tombe dans l'anarchie. En clair, la baisse des cours à moins de 70 dollars/baril la semaine dernière avait provoqué une réaction rapide des pays membres qui ont décidé d'avancer leur réunion de novembre au 24 octobre pour prendre les mesures adéquates face à l'effritement des cours pétroliers.

Chakib Khelil, en tant que président de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, a expliqué que l'offre de brut sera revue à la baisse durant cette réunion, qui se tiendra à Vienne, au siège de l'organisation. Mais, contrairement à certaines déclarations, il n'a pas avancé de chiffres, ni le niveau de cette baisse. «Cela va se décider lors de la réunion», a-t-il expliqué. La semaine dernière, des déclarations de ministres proches de l'OPEP avaient souligné qu'une baisse d'au moins trois millions de barils/jour sera prise durant cette réunion. Pour autant, la plupart des ministres de l'OPEP ont jusque-là estimé qu'une baisse de la production devra être décidée, mais sans en fixer le niveau. Or, selon M. Chakib Khelil, des pressions sont actuellement exercées sur l'OPEP pour qu'elle n'aille pas jusqu'à réduire une seconde fois en un mois sa production.

Pour les pays consommateurs, en proie à une profonde crise financière, l'OPEP ne devrait pas «en rajouter». «Les pays consommateurs ne cherchent que leurs intérêts», a lancé le président de l'organisation selon lequel l'Agence internationale de l'énergie (AIE) travaille pour les intérêts des pays consommateurs. Or, «les prix élevés du brut n'ont jamais eu d'impact sur la croissance (des pays développés) ni sur l'inflation», a-t-il ajouté pour démystifier les arguments de l'AIE qui a toujours exercé des pressions sur l'OPEP pour une offre abondante, au détriment des intérêts stratégiques des pays producteurs et exportateurs. Avec des cours de moins de 70 dollars/baril, la menace est grande pour les économies des pays exportateurs, à commencer par l'Algérie dont le budget 2009 a été élaboré sur la base d'un baril à 37 dollars. Autant dire que les grands agrégats économiques nationaux seront directement touchés dès 2009. «Une bonne politique des prix est de nature à réguler le marché (pétrolier)», estime le président de l'OPEP selon lequel «actuellement le marché est régulé normalement par l'offre et la demande» après le départ des spéculateurs sur le sillage de la crise financière mondiale. «Il faut organiser le marché (pétrolier) avec un équilibre entre l'offre et la demande, et ainsi éviter l'effondrement des prix», a-t-il précisé.

C'est, en somme, un avant-goût des grands débats qui auront lieu vendredi prochain à Vienne entre les pays membres, avec un seul leitmotiv : à combien de millions de barils sera réduite la production-OPEP pour stabiliser les prix et les faire remonter au-delà des 80 dollars/baril. Tous les pays membres sont d'accord sur cet objectif. Lundi, les cours du pétrole se sont redressés à l'ouverture des marchés, gagnant 2 dollars en prévision d'une réduction quasi certaine de la production de l'OPEP. Le baril de Brent de la mer du Nord (livraison en décembre) s'échangeait en hausse de 2,01 dollars à 71,61 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (livraison en novembre) gagnait 2,15 dollars à 74 dollars.

«Le pétrole se raffermit lundi matin, sachant que l'on s'attend de plus en plus à une réduction de la production de l'OPEP à la fin de la semaine et que la crise financière semble perdre en intensité, avec une petite détente des taux interbancaires», observaient les analystes.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)