Algérie

Chakib Khelil : L'Algérie veut mettre le paquet sur le gaz



Le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, a souligné hier, sur les ondes de la radio nationale, que l'Algérie compte «faire un effort exceptionnel dans le développement de gisements gaziers découverts, pour pouvoir satisfaire les besoins du marché local et augmenter ses exportations actuellement de 62 milliards m3, à près de 85 milliards à l'horizon 2014.

 Des prévisions qui donnent, en fait, une plus grande importance à la livraison prochaine du projet Medgaz, dont Sonatrach détient 33 Pc des parts. Le projet Medgaz, qui fournira du gaz algérien à partir des champs de Hassi R'Mel vers l'Espagne à travers un gazoduc sous-marin entre Ghazaouet et Almeria, est perçu déjà comme un projet stratégique pour l'Europe, qui subit souvent les sautes d'humeur de la Russie, premier fournisseur de gaz aux pays de l'UE, devant l'Algérie, second fournisseur à travers les gazoducs Transmed (via la Tunisie) et GME (via le Maroc). Cependant, le temps reste encore long pour la mise en place, effectivement, d'une OPEP du gaz, beaucoup de pays consommateurs étant vivement opposés à une «OPEP-Bis» qui contrôlerait le marché gazier, d'autant qu'hormis l'Algérie et l'Iran, qui posséderait les plus importants gisements, les autres grands exportateurs (Russie et Norvège) préférant rester politiquement «corrects» vis-à-vis des grands consommateurs membres du G8.

 Le ministre a souligné par ailleurs que les réductions cumulées de 4,2 millions de barils/jour décidées par l'Opep en 2008 ont influé positivement sur les cours du pétrole et les recettes des pays exportateurs, dont l'Algérie, leur permettant de gagner plus de 60 dollars sur un baril de pétrole. L'Algérie dispose de capacités de production de 1,4 million barils/jour mais ne produit effectivement que 1,2 million de barils en application des décisions de baisses de l'Opep, soit une baisse de 15 % de sa production.

 «L'Algérie a perdu 15 % en volume de pétrole exporté mais a réussi à tripler le prix avec cette décision», a indiqué le ministre qui a précisé que l'Algérie maintiendra son quota de 1,2 million de barils à l'instar des autres membres de l'Opep pour soutenir les prix au niveau de 70 dollars. L'Algérie continuera à appliquer ses engagements jusqu'au moment où l'Opep prendra une autre décision, a ajouté le ministre, précisant que «cette décision dépendra de plusieurs conditions économiques notamment la stabilisation du dollar et la spéculation». Le ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, a par ailleurs réitéré la position de l'Algérie qui est favorable à la mise en place d'une organisation régionale ou internationale, calquée sur le modèle de l'OPEP, pour défendre les intérêts des pays producteurs et exportateurs de gaz. Pour M. Khelil, le Forum des pays exportateurs de gaz (Fpeg) devrait «fonctionner comme l'Opep en tant qu'organisation qui défendrait les intérêts économiques malgré les divergences politiques existant entre les (pays) membres de ce Forum».

 Le ministre de l'Energie avait récemment affirmé dans un entretien à un magazine spécialisé russe que le Forum devrait fonctionner sur le modèle de l'OPEP, soit une autre OPEP, mais du gaz. Ainsi, il a expliqué que cette nouvelle organisation, à l'instar de l'Opep, même avec des divergences politiques entre pays membres, est de nature à défendre «leurs intérêts», et particulièrement les prix du gaz. Pour M. Khelil, le FPEG est capable de défendre autant les prix du gaz que de fédérer les pays membres autour d'une politique des prix du gaz commune entre tous les pays producteurs, notamment la Russie et la Norvège, ainsi que l'Iran. Le Forum «a pour objectif de défendre un meilleur prix du gaz qui a décliné d'une manière substantielle dernièrement en raison du développement par les Etats-Unis d'une nouvelle technologie leur permettant de devenir autosuffisants en cette ressource énergétique», explique M. Khelil selon lequel le gaz qui était destiné à être exporté aux Etats-Unis est en train de se réorienter en Europe. Une donnée qui s'est traduite par une baisse du prix du gaz notamment celui vendu sur le marché Spot, marché électronique.

 En revanche, le prix du gaz vendu dans le cadre des contrats à long terme, malgré sa baisse, n'a pas autant reculé que les prix du marché Spot, estime-t-il. C'est ainsi que pour le ministre algérien de l'Energie et des mines, il est urgent que les pays producteurs et exportateurs de gaz fassent preuve de solidarité et de cohésion pour défendre les prix du gaz et, surtout, donner une assise solide au Forum des pays exportateurs de gaz. Estimant que le prix actuel du gaz, indexé sur le pétrole, est «bas», M. Khelil a appelé «les pays membres à se mettre d'accord sur une stratégie pour obtenir un prix juste du gaz». En outre, il a déploré que, malgré l'objectif de ce Forum qui est l'échange d'informations sur les contrats gaziers, que «jusqu'à présent, cet objectif n'a pas été atteint (...) Chacun des pays membres garde ses contrats de vente de gaz à long terme très confidentiels, personne ne veut dévoiler à quel prix il vend son gaz sur le marché».




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