Entracte - Djaoui, fsoukh, chham, plomb, henné, plantes, écorces d'arbres et tant d'autres matières pour la pratique de la sorcellerie sont disponibles, avec en plus des variétés très rares.Le témoin est cédé pour un laps de temps à une femme qui se cache sous un niqab. S'il est impossible de décrire la physionomie de cette créature, sa voix roque inspire la crainte. Elle se positionne face à l'un des barbus, prête pour la sale besogne. C'est en majorité des femmes qui la consultent. Première victime de l'ignorance, une femme qui veut ensorceler son fils qui se détourne d'elle au profit de sa femme».
C'est le sorcier en face d'elle qui prend en charge la malheureuse femme. Il écrit quelques lignes sur un bout de papier avec un liquide qui serait impur qu'il tend à la malheureuse toute contente.
«L'effet n'est pas immédiat, mais je vous assure que votre enfant va revenir au droit chemin. Entre-temps, faites de votre mieux pour revenir la prochaine fois avec un vêtement de votre fils contenant son sperme et faites la prière sans ablutions pendant deux jours», lui dit-il. Ce n'est pas fini, les femmes très nombreuses se bousculent dans ce monde de la sorcellerie. Nous restons toujours à l'écart. Mais par moment, nous sommes obligés de nous faire entendre pour réclamer notre tour. Une façon de lever toutes suspicions à notre égard. Sur l'agenda de la caissière, nous figurons en bas de page. Une aubaine pour suivre l'intégralité de ces scènes du moyen-âge. Ça défile sur l'estrade et l'air devient insupportable. Les odeurs et la fumée de djaoui recouvrent l'atmosphère. Nous suivons ce manège au milieu d'un immense brouillard qui peut facilement mettre en péril la vie d'une personne asthmatique. C'est comme des tracteurs tout terrain ou des kiosques multiservices, ces sorciers prédisent l'avenir, dament le pion aux invétérés, marient les célibataires et soignent les malades. Les patients qui se font «ausculter» par les membres de cette association de malfaiteurs se plaignent aussi de certains malaises tels que les céphalées, les maux de tête qui ne peuvent pas être calmés même si l'on prend les plus fort antalgiques, les douleurs dorsales et d'articulation, l'insomnie et les dépressions nerveuses. C'est ce genre de «malades» que nous avons observés soumettre leur cas à des escrocs sans vergogne. La chair de mulet, le henné et les ?ufs qu'il faut jeter à la mer sont les «remèdes» prescrits. Le chiffre «7» revient à chaque fois dans le vocabulaire de cette sorcière. «Prenez ces 7 ?ufs qu'il faut balancer sur 7 vagues à la mer pendant 7 jours», dit-elle à une femme qui se fait ausculter contre le «mauvais ?il». Elle ne s'arrête pas là avec son chiffre 7. Pour un homme qui est venu «soigner» sa migraine, la sorcière lui prescrit de faire bouillir 7 plantes différentes et prendre pendant 7 jours l'infusion qui en découle. Reste à notre sorcière le fait qu'elle ne peut pas prescrire 7 jours d'arrêt de travail à ses patients. Sinon, c'est le trop plein de laxisme de la part de ceux qui sont censés combattre ce fléau.
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Posté Le : 06/03/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Info Soir
Source : www.infosoir.com