Algérie

Chadli aura marqué son temps



Chadli s'est éteint un 6 octobre. Les émeutes du 5 Octobre 1988 et la répression sanglante des jeunes manifestants auront marqué le règne de Chadli d'une encre rouge indélébile. Sortant malgré lui de l'ombre de l'ANP, il est arrivé au pouvoir dans une conjoncture d'incertitude pour la nation qui adulait Boumediene jusqu'à l'adoration. Ce n'est que des années plus tard, que le choix de Chadli s'est clarifié. Il fallait en finir avec le modèle de Boumediene et sa mégalomanie. Dès 1982, le démantèlement des pôles industriels est entamé à travers le plan de «restructuration des entreprises publiques» avec un double objectif : affaiblir la résistance des travailleurs en faisant éclater les concentrations ouvrières et les structures syndicales et segmenter les grandes entreprises en petites unités faciles à privatiser. Pour y parvenir, une stratégie a été mise en place : vider les mouvements syndical et estudiantin qui étaient l'avant-garde du mouvement social de leur substance politique et idéologique en favorisant la montée des islamistes qui doivent occuper tous les espaces publics de la rue, à la mosquée, à l'école, à l'université.Il faut admettre cependant, que sous l'ère de Chadli et parallèlement à la mise en marche de la machine qui allait broyer les dynamiques sociales progressistes, l'Algérie connaissait un débat d'idées et un foisonnement politique inégalés. Ce bouillonnement politique qui a commencé au milieu des années soixante-dix, commençait à remettre en cause l'unanimisme ambiant et à critiquer les limites des choix politiques et économiques de Boumediene. Si l'objectif de l'Infitah économique mis en branle timidement, visait la rationalisation, la bonne gouvernance et l'efficacité économique, il aurait été accompagné d'une rigueur dans la gestion des deniers publics, d'une moralisation de la vie politique et d'une austérité dans le train de vie de la Nomenklatura. Rien de tout cela. Le lit d'Octobre 1988 a commencé à se creuser au même rythme que se creusaient les disparités sociales. Les fortunes mal acquises commençaient à s'afficher avec une agressivité telle que les populations qui renouaient avec le chômage, la misère, le mépris' nourrissaient une haine terrible à tout ce qui symbolisait le pouvoir. Du printemps amazigh dont les prémices étaient perceptibles dès 1978, aux grèves des lycées en 1982, aux manifestations contre la précarité sociale, aux émeutes de Sétif en 1986 et de Bordj Bou Arréridj en 1987 contre le mépris de l'Administration, à la grève nationale des étudiants contre la nouvelle carte universitaire', le pouvoir a fait preuve d'un autisme déconcertant et refusait de voir les fumées du brasier qui couvait dans les bas-fonds d'une Algérie à la dérive. L'Establishment était occupé à régler ses comptes internes puisqu'il était divisé entre les partisans du libéralisme et les rentiers du système qui tenaient aux principes de la charte nationale. Le rejet de la révision de cette dernière lors du référendum de 1985, a aggravé la crise au sommet.La répression féroce des émeutes d'Octobre 1988 a sonné le glas de la cohésion nationale et de la sacro-sainte unité qui unissait le peuple et son armée. L'ouverture démocratique de 1989 a plus délié les langues pour théoriser et prôner la discorde qu'elle n'a permis l'émergence des forces vives de la nation, encore moins des projets de société viables. Lorsque le FIS, en parfait 'dipe a tenté de tuer le père, Chadli a été forcé de démissionner pour laisser le chaos s'installer.
A. G.


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