En écoutant Nouria Benghebrit égrener, sur les ondes de la radio, les acquis octroyés ou arrachés, c'est selon, aux et par les syndicats de l'éducation et évoquer le satisfecit des partenaires sociaux, on a l'impression que l'école et ses interminables problèmes vont être résolus dans la semaine. L'accord de ce dimanche entre la tutelle et la dizaine de sigles représentant la famille pédagogique met certes fin à un climat délétère où menaces de grève répondaient aux fausses promesses mais n'attaque pas dans le fond les vraies tares que vit l'école algérienne.Hier, la ministre de l'Education nationale est revenue plus en détail sur cette rencontre, affirmant au passage qu'«une nouvelle ère» s'ouvre à l'école algérienne. Mme Benghebrit confesse reconnaître le bien-fondé des revendications syndicales. Enfin ! Oserions-nous dire ce qui nous amène à cette réflexion sur ces années perdues dans un bras de fer qui n'a fait d'autres victimes que l'élève algérien. Puisque les syndicats étaient dans leurs droits alors pourquoi madame la Ministre ne l'a pas reconnu l'année dernière préférant la bagarre quitte à hypothéquer une année scolaire en entier. Pourquoi faire marche arrière aujourd'hui si ce n'est pour acheter la paix sociale du côté de l'école au détriment des vrais enjeux en balance.C'est aussi vrai qu'on ne peut être que content pour ces 260.000 fonctionnaires de l'éducation concernés par ces avantages. Des mesures qui ont un coût, soit 200 milliards de dinars débloqués pour les financer, mais quand on veut la paix, le gouvernement ne compte pas puisqu'il va récupérer la mise avec toutes les augmentations bénies par la loi de finances 2016. En décidant de satisfaire pleinement les exigences des syndicats, la ministre veut ainsi mettre fin aux mouvements de grèves cycliques qui ont volé aux élèves deux ans de savoir, au cours de la dernière décade, de l'aveu même de Benghebrit. Si le volet social a été concrétisé, les autres points noirs de l'école sont toujours au stade des réflexions. Ainsi et pour l'épineux problème de la violence dans et autour des établissements scolaires, la ministre qui avoue «rédiger régulièrement des messages de condoléances», n'a pas encore été en mesure de proposer des réponses adéquates à ce phénomène puisqu'elle se contentera d'annoncer qu'une commission chargée de proposer des mesures «d'urgence» a été mise sur pied, en collaboration avec les syndicats. Il est impensable qu'avec tous les drames qui surviennent dans les classes, les cours ou alentours des collèges et lycées, on en est encore à mettre sur pied des commissions de réflexion alors que le phénomène n'est pas né d'hier.La ministre a aussi évoqué une école «d'excellence», proposant à ses interlocuteurs une charte d'éthique, sans en préciser les contours. Mais au lieu d'anticiper sur une école «d'excellence», il faut déjà résoudre les problèmes de chauffage des classes, des cantines et du ramassage scolaire, des cours particuliers et du niveau des enseignants, des dossiers en face desquels on parie que les syndicats ne brandiront certainement pas la menace d'une grève.
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Posté Le : 20/10/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Moncef Wafi
Source : www.lequotidien-oran.com