Algérie

Chacun pour soi



Entre un marché européen où l'on veut être fortement présent et une «Opep du gaz», intéressante mais à la faisabilité problématique, l'Algérie n'hésite plus. Les dernières déclarations du patron de Sonatrach sur la fin du mémorandum d'entente avec le géant russe Gazprom indiquent que le choix est définitivement fait. On se souvient que le ministre de l'Energie avait immédiatement rejeté l'option de «l'Opep du gaz», avant d'être corrigé par le président de la République qui estimait que l'idée ne devait pas être rejetée a priori. Officiellement, le mémorandum d'entente, désormais défunt, entre l'entreprise nationale et Gazprom n'a aucun lien avec cette question. Mais, à tort ou à raison, il a provoqué des craintes chez des partenaires essentiels pour le gaz algérien, qui n'ont pas hésité à le faire savoir, sans détour. La crise du gaz entre la Russie et l'Ukraine a créé une suspicion forte chez l'Europe qui cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement. Une alliance entre Sonatrach et Gazprom ne pouvait que les inquiéter. C'est en partie à cette aune qu'il faut lire les projets de réforme du secteur énergétique en Europe, qui prévoit de serrer la vis aux entreprises non européennes voulant investir dans l'énergie en Europe. « Il faut que nous imposions des conditions sévères aux prises de participation non européennes sur le marché de l'énergie », avait déclaré José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. Chakib Khelil, tout comme récemment Mourad Medelci après son passage à Bruxelles, ont affirmé que l'Algérie n'était pas concernée par ces restrictions car son secteur énergétique est ouvert en amont aux investisseurs européens. Ces « assurances » ont-elles poussé Sonatrach à adresser un autre message rassurant pour les Européens et les Américains en signifiant que l'alliance avec Gazprom a été sans effet et qu'elle n'aura pas de suite ? C'est une lecture possible, sachant que les discussions entre l'Algérie et l'Europe sur un mémorandum pour un partenariat stratégique sur l'énergie entre l'Algérie et l'UE reprendront en janvier 2008. Des commentateurs russes n'ont pas hésité à analyser l'annonce de la résiliation du mémorandum avec Gazprom comme un résultat des « pressions européennes » sur l'Algérie. Celles-ci doivent sûrement exister puisque les questions énergétiques ne sont pas appréciées sous un angle purement économique, mais aussi dans une logique de sécurité. Mais sur le fond, c'est moins les pressions européennes qui ont prévalu que le fait que la synergie entre Sonatrach et Gazprom ne semble pas évidente. Bien au contraire, les deux compagnies sont potentiellement en concurrence sur le marché européen. Il n'y avait à l'évidence aucun intérêt pour Sonatrach à maintenir l'idée que le mémorandum d'entente existe alors qu'il est sans effet. C'est déjà «chacun pour soi» dans les faits. Sonatrach a estimé qu'elle a plus à gagner à le faire savoir.


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