Algérie

Chaba Fadela (Chanteuse de Raï), « Victime d’ostracisme en Algérie »



Installée en France depuis 13 ans, chaba Fadéla a donné deux éblouissants concerts lors du Festival de Casablanca qui s’est déroulé du 15 au 22 juillet. Dans cet entretien, l’artiste ne mâche pas ses mots pour dénoncer son éviction de la scène artistique algérienne. Elle porte un jugement sévère sur la nouvelle vague d’artistes de raï en herbe.

Chaba Fadéla est absente de la scène artistique algérienne depuis deux ans. A quoi est due cette absence fort remarquée par votre public ?

Je suis effectivement absente de la scène artistique depuis deux ans. Cependant, je tiens à préciser que ce n’est pas une absence volontaire. On ne fait pas appel à moi. Il y a trop de favoritisme en Algérie. Fadéla n’a pas oublié son public. Il y a deux ans, j’ai décroché un trophée au Festival de Timgad et depuis, plus rien. Il est important de souligner que quand on m’appelle à la dernière minute, il est pratiquement impossible de m’organiser. J’ai un manager qui s’occupe de la logistique et de l’organisation. J’exige qu’on fasse appel à moi avec tous les honneurs et respects. Je n’accepte pas de me produire sur scène sans mes musiciens. Je ne veux pas qu’on m’impose des musiciens autres que les miens.

Justement, avez-vous été contactée pour participer au Festival de Timgad ?

Hélas, cette année, on n’a pas fait appel à moi. Par contre, je suis contactée par d’autres organisateurs étrangers. J’ai animé plusieurs concerts en Tunisie, au Maroc et en France.

Que devient concrètement chaba Fadéla ?

Cheba Fadéla est restée égale à elle-même. Je suis toujours la même. Je ne changerai jamais. J’ai fait un remarquable album avec le chanteur de hip-hop Sniper. Actuellement, je prépare un album comportant dix titres qui sortira la fin du mois d’août prochain aux éditions Disco-Maghreb. J’ai pour tradition de réaliser un album tous les ans. ça me fait mal au cœur de constater qu’on m’a oubliée et que certains artistes sont obligés de s’exiler pour pouvoir travailler ou encore être reconnus en tant que tels. Dommage pour l’Algérie. Je suis fière d’être algérienne mais la vérité , il faut la dire. Cela fait 33 ans que je suis dans ce métier mais je constate encore une fois que les droits d’auteurs ne sont pas donnés aux artistes. Il y a trop de piston en Algérie. On ne fait pas appel aux véritables chanteurs.

Quel regard portez-vous sur le raï actuel en Algérie ?

Je pense que les artistes qui évoluent actuellement sur la scène artistique ont encore beaucoup à apprendre. Je ne critique pas les artistes, mais je leur donne plutôt des conseils. Il faut qu’un artiste ait une voix personnalisée. J’estime que les nouveaux chanteurs du raï doivent maîtriser la scène et la voix. Ils n’ont pas la même expérience que nous, mais des efforts doivent êtres fournis dans ce sens. Un autre fait important est à signaler que même au niveau de l’enregistrement de leur album celui-ci est défaillant. La robotique est légion. Sans être trop sévère, la durée de carrière de ces chanteurs en herbe ne dépassera pas deux ans.

La regrettée cheïkha Remitti a laissé derrière elle un legs inestimable ; ne pensez-vous pas être sa digne héritière ?

C’était une femme exceptionnelle qui avait un timbre de voix unique. Je suis certes la deuxième chanteuse du raï mais je ne pourrai jamais l’égaler. Elle était unique. Rien n’a été fait pour elle dans son pays alors que les chaînes étrangères lui avaient réservé un hommage appuyé. A chacun de mes messages, une pensée particulière lui est dédiée.


 




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