"Chaâb, chaâb, khaoua khaoua"

La canicule et la tentation d'une baignade n'ont pas eu raison des Skikdis qui, encore une fois, sont sortis en masse pour être au rendez-vous du 16e vendredi du mouvement populaire pacifique. Contrairement au vendredi précédent où le chef d'état-major a été épargné par les manifestants, la plupart des slogans scandés ou brandis hier lui sont directement adressés. D'autres ont appelé à l'unité du peuple algérien, d'Est en Ouest et du Nord au Sud. Ce n'est plus "Djeïch, chaâb, khaoua khaoua", mais "Chaâb, chaâb, khaoua khaoua", pour signifier leur refus qu'il ne faut compter que sur le peuple, et lui seul, pour arracher ses revendications légitimes.La marche, qui a sillonné le circuit habituel au centre-ville, a été riche en couleurs des emblèmes de l'identité nationale, mais aussi de la capacité des manifestants à répondre rapidement aux tentatives de parasitage de la marche pacifique. Des chants patriotiques et l'hymne national ont été entonnés à plusieurs reprises tout au long de cette marche. Les slogans étaient unanimes à rejeter le discours de la veille du chef de l'Etat dans son intégralité et à son entêtement à organiser l'élection présidentielle. C'est par le slogan de "Bensalah dégage" que les manifestants ont répondu à son discours. Pour ce vieil octogénaire, il ne faut surtout pas accepter un scrutin organisé par ceux qui ont fraudé et reconnu leur fraude durant toutes les élections qu'a connues le pays depuis l'indépendance.
Les manifestants n'ont pas lésiné sur les slogans pour revendiquer une Algérie nouvelle avec de nouveaux dirigeants et ce slogan l'exprime bien : "Saha el-Aïd, Saha el-Aïd, elaâm eljeï nidam jdid" (Bonne fête, bonne fête, l'année prochaine un nouveau système). Tous les autres slogans interpellent Gaïd Salah pour lui signifier le rejet d'un régime militaire : "La légitimité populaire et non militaire" ou encore "Ya El-Gaïd, Ya El-Gaïd, hada echaâb houa el-kaïd" (Ô toi Gaïd, ô toi Gaïd, ce peuple est le seul chef). La foule s'est ensuite dispersée comme d'habitude dans le calme avec la détermination de marcher chaque vendredi jusqu'à la satisfaction de toutes les revendications légitimes pour la réalisation d'un Etat véritablement démocratique tout en étant un rempart contre toute tentative de division de ce large mouvement populaire.

A. Boukarine