Algérie

«Ceux qui croient pouvoir procéder encore par la menace et la peur se trompent lourdement»



«Ceux qui croient pouvoir procéder encore par la menace et la peur se trompent lourdement»
Le président de Talaie El Houriat, Ali Benflis, a installé hier le secrétariat national de son parti, une instance chargée de la prospective, des études et de la formation composée de 41 membres.Dans un discours où il a rappelé le projet politique qu'il dit défendre depuis 11 ans, l'ancien candidat à l'élection présidentielle de 2014 s'est exprimé sur l'actualité nationale et surtout a commenté la déclaration du chef d'état- major et vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah, qui mettait il y a quelques jours seulement en garde contre les ennemis de l'Algérie à l'intérieur comme à l'extérieur de nos frontières. Ali Benflis n'y est pas allé avec le dos de la cuillère.Selon lui, «toutes les autocraties sont atteintes de paranoïa ; et les autocraties finissantes voient des ennemis partout alors même qu'elles représentent elles-mêmes le péril le plus sérieux pour leur Etat et leurs sociétés qu'elles empêchent par tous les moyens de prendre le chemin des changements et des réformes indispensables». «Si des ennemis de l'Algérie existent à l'intérieur et à l'extérieur du pays, notre peuple a le droit de connaître leurs identités», indique le président de Talaie El Houriat avant d'ajouter : «Qu'on les lui fasse connaître à haute et intelligible voix pour le mobiliser et le préparer à leur faire face.»«Autrement, souligne Ali Benflis, ces mises en garde ne seront jamais prises pour ce qu'elles sont : de vains instruments d'une entreprise de diversion et d'intimidation.»«Ceux qui croient pouvoir encore procéder par la menace, le chantage et la peur, dit-il, se trompent lourdement.» «Notre peuple sait tout du régime politique en place et toutes les mises en garde du monde ne le feront pas renoncer à son aspiration légitime au changement et au renouveau d'un système dépassé autant par les mutations nationales que par la marche du monde», souligne l'orateur qui rappelle encore une fois que les retombées dommageables de la vacance du pouvoir affectent tous les segments «de la vie politique, économique et sociale du pays».Pour lui, «la vacance du pouvoir vaut au pays de ne plus être gouverné avec la clarté, le sérieux et la rigueur attendus des gouvernants». «N'est-ce pas à une absence de clarté, de sérieux et de rigueur que l'on dit de ce surprenant communiqué de la présidence de la République expliquant et justifiant trop tardivement des décisions prises près de trois semaines auparavant», déclare le président de Talaie El Houriat. «Ce communiqué a suscité plus d'étonnement qu'il n'a apaisé les préoccupations et il a soulevé plus de questionnements nouveaux qu'il n'a apporté de réponses persuasives aux questions initiales», ajoute-t-il.«S'obstiner à vouloir faire passer les changements intervenus dans le haut commandement de l'ANP pour une restructuration, alors que tout le monde a pu constater qu'il ne s'agissait en tout et pour tout que d'un transfert de prérogatives d'un commandement à un autre, relève d'un leurre politique dont personne n'est dupe», estime Ali Benflis qui considère que «présenter ces changements comme s'inscrivant dans le cadre de réformes politiques plus vastes participe d'une véritable entreprise de mystification tant chacun sait que l'obsession du régime politique, en ces moments, n'est pas dans le changement mais dans la survie et qu'il n'a pas l'esprit aux réformes mais à la préservation du statu quo à tout prix». Il affirme même que «soutenir contre toutes les évidences que ces changements vont dans le sens de la consécration de l'Etat de droit, est un outrage à l'intelligence de la part d'un pouvoir lui-même vacant et illégitime».Le président de Talaie El Houriat n'a pas manqué de revenir sur le mal algérien : les irrégularités qui faussent la volonté populaire. Selon lui, «la fraude a gangrené notre système politique ; elle en est la marque honteuse ; elle révèle le peu d'éthique politique sur lequel il repose». «L'on ne dira jamais assez tous les torts que la fraude a portés au pays et tous les dommages qu'elle lui a occasionnés», soutient-il avant de sérier les conséquences des fraudes électorales sur le pays : «Que peut-il bien rester de l'autorité de l'Etat après avoir subi l'outrage de la fraude ' Où peut bien être l'Etat de droit lorsque les institutions qui le servent ne sont rien d'autre que le produit douteux de scrutins faussés ' Que reste-t-il de la citoyenneté, de la souveraineté populaire et des droits civiques et politiques après le passage de la fraude '»




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