Algérie

Ceux pour qui le virus n'existe pas



C'est comme un bras de fer, entre ceux qui prennent mille et une précautions en respectant à la lettre le protocole sanitaire afin d'éviter la propagation du virus et ceux qui continuent à vivre normalement comme si la pandémie qui secoue le monde entier depuis des mois et qui a fait plus d'un demi-million de morts à l'échelle internationale n'est qu'une pure affabulation.Alors que de nombreux citoyens s'enferment à la maison en limitant leurs déplacements au strict nécessaire et en renonçant à toute forme de loisirs, d'autres continuent à vivre le plus normalement du monde, foulant au pied les règles sanitaires imposées par ce dangereux virus.
L'heure est grave !
La colère et l'incompréhension sont les mêmes chez les confinés disciplinés. Ils pointent du doigt le comportement irresponsable de ceux qui mettent la vie d'autrui en danger. Ourida, 45 ans , n'a pas dérogé aux recommandations des professionnels de la santé depuis le 16 mars dernier. «J'habite un petit appartement dans une cité», témoigne-t-elle. «Avec mon époux, nous avons suivi à la lettre tous les conseils sanitaires des autorités de santé publique. Nous n'avons plus mis le nez dehors. A peine si mon époux sortait faire rapidement les courses en mettant un masque et en se munissant d'un gel hydroalcoolique. Nos enfants ont été enfermés pendant de longs mois avec tout ce que cela peut impliquer comme nervosité, restriction et manque de liberté. Garder des enfants entre quatre murs pendant de longues semaines est une véritable épreuve. La peur de choper le virus et de le propager était au centre de nos préoccupations. Pendant ce temps, j'observais par ma fenêtre les gosses des voisins jouer sur le parking de la cité. Les parents n'ont jamais pris au sérieux cette maladie. Encore aujourd'hui, les comportements des citoyens sont déroutants : accolades, embrassades, non-respect de la distanciation physique, non-port de bavette dans les espaces publics, crachats sur la voie publique, regroupements... Et si vous avez le malheur de leur faire une remarque en appelant à leur conscience, ils vous regardent d'un air condescendant «La vie et la mort sont entre les mains de Dieu ! Le coronavirus est une pure invention. C'est de la manipulation !», clament-ils. «De quoi s'arracher les cheveux», s'exaspère Ourida. «Des compatriotes sont bloqués à l'étranger, des gens ont perdu leur travail, la vie s'est arrêtée et certains continuent à se comporter comme des êtres irresponsables ! L'heure est grave !»
L'incompréhension est perceptible chez de nombreux citoyens qui regrettent la désinvolture et l'indifférence de ceux qui participent à propager cette maladie mortelle. «Alors que l'économie du pays est à genoux, que de nombreuses personnes ont perdu leur travail et d'autres la vie, il y a toujours ces inconscients qui prennent la situation à la légère», s'insurge Adlène, 67 ans. «Ils sont carrément dans le déni de la maladie. On en voit qui célèbrent des mariages et des circoncisions clandestinement. Certains ont fêté la réussite du brevet de leurs enfants. D'autres investissent les plages en cachette. On a le sentiment qu'il existe un clivage dans la société. Une partie de la société souffre en se privant de la moindre sortie et l'autre continue à vivre sans aucune restriction sanitaire ni geste barrière au risque de propager le virus partout. Il y a aussi les plus jeunes qui se sentent forts et immunisés contre le Covid-19, ignorant qu'ils peuvent ramener la maladie à la maison et mettre en péril la vie de leurs parents. Je pense que les autorités doivent sévir plus encore, sinon on sera encore dans cette situation en 2021 ! »
Inconscience collective
Zoubir, 59 ans, ne mâche pas ses mots. «En dépit de la courbe croissante des contaminations au coronavirus et plus d'un demi-million de morts dans le monde, de nombreux citoyens sont dans le déni le plus total. Pire, par leur refus de respecter les règles sanitaires, ils mettent en danger leur entourage et la société toute entière. Il n'est pas rare de voir un cortège de mariage passer avec des voitures bondées de monde. Aux alentours du marché Ferhat-Boussaâd, (ex-Meissonnier), les boutiques de vaisselle et de maquillage made in China attirent une pléthore de femmes qui se bousculent pour franchir leur seuil comme si manquer d'une assiette ou d'un bâton de rouge à lèvres allait les tuer. Je ne parle même pas des vendeurs à la sauvette qui s'agglutinent aux alentours des marchés. Cette inconscience collective va nous mener droit dans le mur. Ce qui me fait dresser les cheveux sur la tête encore plus, c'est lorsque j'entends des gens dire que ce virus n'existe pas, que des médecins sont complices en imputant n'importe quelle cause de décès à l'hôpital, au Covid-19 ! C'est hallucinant ! Les autorités doivent être sans pitié sur cette question. Il faut sanctionner, sévir, mettre des amendes. C'est une question de vie et de mort !»
Leïla, (44 ans), a vu son voisin mourir des suites du Covid-19. «Dès l'annonce des mesures sanitaires, il s'était pourtant confiné. Mais ses fils ont continué à traîner toute la journée dehors. Agé de 66 ans et souffrant de diabète, mon voisin a fini par être contaminé et a rendu l'âme quelque temps après. Ce n'est qu'après le décès de leur père que ses enfants ont pris la mesure du danger de ce virus. Personnellement, je reste ahurie par certains comportements. Des gens porteurs de ce virus le cachent comme s'il s'agissait du sida. Un tabou qui alourdit le chiffre des contaminations.»
Incrédulité des uns, alarmisme des autres. En cette période très particulière, le temps est plus que jamais à la vigilance. En l'absence d'un vaccin contre ce virus destructeur, la prévention demeure le seul rempart à même de se protéger et de protéger les autres. Port du masque obligatoire, lavage fréquent des mains, distanciation physique, interdiction des regroupements, le respect des protocoles sanitaires doit être appliqué avec la plus grande rigueur.
Soraya Naili


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