Publié le 26.08.2024 dans le Quotidien l’Expression
Certes, les élections sont organisées pour élire une personne ou un parti à la gouvernance d'un pays. Mais elles ne sont pas que pour cela. Les élections locales, nationales ou présidentielles constituent une occasion rare, c'est à travers les programmes des candidats, qu'on peut analyser la situation économique du pays.
Elles sont aussi le thermomètre pour mesurer la santé de la démocratie, la liberté d'opinion et d'expression dans le pays.
L'ambiance politique, la concurrence civique et loyale entre les candidats et entre les partis engendre des débats sur l'avenir du pays entre les élites intellectuelles quels que soient leurs choix idéologiques, et c'est une avancée dans la prise de parole dans l'espace public.
Dans les pays du Sud, en général, bien que la démocratie soit une expérience nouvelle, les élections sont un catalyseur de la situation des droits de l'homme dans le pays.
En Algérie, les élections révèlent un phénomène politico-sociétal remarquable: la participation de la femme. Toute élection crédible et décisive se mesure par le taux de participation de la femme. La voix de la femme est un signe de progrès et de modernité.
Dans les zones rurales, la femme algérienne, jusqu'aux années quatre-vingt, n'avait pas l'habitude de voter en masse ou de se présenter aux élections, mais avec l'amélioration du niveau de vie social et l'avancée enregistrée dans la généralisation et l'obligation de l'enseignement, nous constatons, de plus en plus, la présence considérable de la femme rurale aux rend-vous politiques décisifs.
Dans les villes, la femme citadine est de plus en plus impliquée dans les élections, sur le plan organisationnel comme sur le plan de la mobilisation.
Bien que la présence de la femme citadine et rurale soit visible, nous manquons d'études crédibles qui éclairent et expliquent cet engagement féminin.
Nous n'avons pas de statistiques fiables, référentielles et actualisées sur le rôle et sur le poids de la femme, rurale ou citadine, dans les élections. Ces statistiques sont un moyen scientifique indispensable qui aide au développement de la vie politique en général. Nos centres de recherches, nos laboratoires de recherches et nos universités sont demandés à travailler sur cette problématique.
La participation ou la non-participation de la femme aux élections locales, nationales ou présidentielles est un indice principal du niveau de la conscience collective politique et culturelle dans une société qui cherche à aller plus loin dans son développement et sa modernisation.
Les chercheurs, les sociologues, les économistes, les psychologues et les politologues sont demandés de profiter de l'occasion des élections pour lire les changements générationnels dans les choix politiques du pays.
Les chercheurs sont appelés aussi à réfléchir sur les formes d'accueil réservées aux élections dans les zones rurales et citadines. Une telle réflexion permettra aux élites de mesurer l'avancée de la société vers la modernité.
Étudier la présence de la femme dans les élections, analyser la diversité de la géographie humaine des villes, des villages et dans les campagnes vis-à-vis des suffrages, décortiquer la différence dans le choix politique entre les différentes générations dans les rendez-vous électoraux, tout cela aide à définir et à tracer un avenir florissant de la société et du pays.
Les élections ne sont pas organisées uniquement pour élire ou choisir une personne ou un parti pour gouverner, mais elles constituent, pour les élites, une occasion pour analyser la société dans ses changements culturels, politiques, sociaux et institutionnels.
Amin Zaoui
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Posté Le : 30/08/2024
Posté par : rachids