Algérie

Cette nature qui a horreur du vide...



«On ne voit bien qu'avec le c?ur, disait le petit prince de Saint-Exupéry, l'essentiel est invisible pour les yeux. «En Kabylie, cet aphorisme quasi-religieux a tout son mérite chez l'agriculteur. En relation intime avec la terre, ce dernier appuie toute sa foi sur ce qu'il plante, cultive ou arrose. Il y a un bonheur infini à attendre grandir et mûrir le fruit de son labeur. C'est une joie immense qui irrigue l'âme de quiétude et de sérénité. En Ardèche où il s'était installé, Pierre Rabhi, le natif de Kenadsa, à Béchar, avait su mieux que quiconque retisser ce lien perdu avec la nature jusqu'au point d'en faire une philosophie d'existence. Vivre parmi les plantes, les arbres, les figuiers et les oliviers ne nous renvoie-t-il pas à nous-mêmes ' A notre nature première d'humains, loin du virus de cette technologie parasitaire ' « C'est le temps perdu pour ta rose, poursuivait encore le Petit Prince, qui fait ta rose si importante ». C'est ce temps-là qui nous rendrait aussi utiles pour la société parce qu'on a su ou pu donner sens à notre existence. L'attention qu'on porte à notre flore détermine, en quelque sorte, le degré de notre amour de la vie, de la convivialité et du vivre-ensemble. Planter un arbre, c'est aimer le partage, le bien commun, la vie tout court. Quand on constate les dégâts de la culture du béton dans nos villes, on se rend compte que tout ce que je venais d'écrire n'est qu'une pédagogie stérile d'un utopiste. Dans mon pays, on a perdu à jamais, si je ne m'abuse, la culture du travailleur de la terre, du cultivateur, du paysan, au profit de celle du rentier, fainéant et spéculateur. Aux constructions illicites qui gangrènent le panorama urbanistique s'ajoute l'indifférence, la nôtre, à tout ce qui a trait à la flore. La profonde blessure des incendies des dernières années a montré combien nous sommes fragiles devant la nature. Cet « essentiel » invisible aux yeux dont parlait le petit Prince, ne tient-il pas quelque chose de cela' Décidément oui ! Entre-temps, ce vide entre nous et la flore ne fait que s'élargir pour devenir un grand fossé...


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