Algérie

Cette idolâtrie qui accable le pays


La campagne prématurée pour un cinquième mandat du président Abdelaziz Bouteflika prend décidément des allures de provocation. Les images de cérémonies où le portrait du Président est honoré dans des procédés d'un autre âge sont choquantes. Elles donnent le tournis. Parce que cette fois-ci, c'est un cheval qu'on offre au président Abdelaziz Bouteflika, plutôt à son portrait géant, installé dans la steppe. La scène "inédite" s'est déroulée le 21 avril, à Djelfa. Des élus locaux du Front de libération nationale, profitant de la visite du secrétaire général de leur parti, Djamel Ould Abbes, dans la région, ont fait cadeau d'un étalon, visiblement nerveux, et qu'on avait du mal à retenir immobile devant le portrait du Président, pour faire la photo-souvenir. L'image dépasse l'entendement, puisque même du temps de feu Mouammar Kadhafi, on n'invitait pas les Libyens à faire preuve de pareille "idolâtrie". Depuis début 2018, les Algériens assistent, en effet, à des scènes aussi étranges qu'inquiétantes. À chaque cérémonie officielle, il se trouve un portrait d'Abdelaziz Bouteflika qu'on décore sous les projecteurs des caméras. C'était d'abord en janvier, à l'occasion de la célébration de la Journée nationale des collectivités locales. Des présidents d'APC ont fait porter au portrait du Président un ruban aux couleurs nationales. Ensuite en mars, lorsque, en présence du ministre de la Justice, Tayeb Louh, on a habillé le portrait du Président d'une robe d'avocat. Puis tout récemment, lors de la visite du ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, à Tamanrasset, où des élus APW se sont tournés vers une image du chef de l'Etat, pour lui parler et le prier de briguer un cinquième mandat. La question qui se pose maintenant est de savoir si pareilles scènes feraient réellement plaisir à Abdelaziz Bouteflika. Quant aux Algériens, ils sont unanimes à le dire : "Il est difficile de croire que l'Algérie en soit arrivée là, cinquante-six ans après l'indépendance." Et comme si tout cela n'était pas déjà assez éprouvant pour le moral de la nation, le FLN, et avec l'implication directe du ministre de l'Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, vient de réduire l'université, lieu du savoir, au statut d'un comité de soutien pour le cinquième mandat. Ainsi, lorsqu'on aura vidé toutes les institutions de la République de leur sens, en mettant toutes les énergies et les forces vives de la nation au service du culte de la personne, à quel avenir aura-t-on voué le pays 'M. Mehenni
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)