Algérie

«Cette élection est une parodie»



«Cette élection est une parodie»
Sid Ahmed Ghozali est un homme inquiet. L'ancien chef de gouvernement, dont le parti Front démocratique n'est pas agréé depuis 14 ans, prédit un avenir peu radieux au système algérien.Lors d'un débat organisé par le journal Liberté, le président du Front démocratique a usé d'un ton très dur contre le système qui connaîtra, selon lui, «une fin inéluctable». «En ce moment peu glorieux pour notre pays, je veux prendre date : j'alerte l'opinion et mets solennellement en garde le pouvoir : à force de refuser le changement dans l'ordre, nous aurons le changement dans le désordre, c'est-à-dire le pire des changements», alerte, solennel, Sid Ahmed Ghozali qualifie l'élection du 17 avril prochain de «fumisterie».Pis encore, l'ancien chef de gouvernement, qui avoue avoir démissionné en 1992 parce que son gouvernement était «incapable de protéger le chef de l'Etat», estime que «quand il n'y aura plus d'argent à jeter par les fenêtres, le pire viendra» et que «le pouvoir se rapproche de l'implosion et nous emmène dans son sillage vers le chaos».«Seule la légitimité populaire»Pour l'homme politique, qui reconnaît aujourd'hui avoir été «serviteur du système» sans y être, l'élection d'avril 2014 n'est qu'une mascarade. «On joue depuis des mois, voire des années, avec la santé d'un homme, pour se jouer de tout un peuple, sans craindre de donner au monde, l'Algérie en spectacle, pour s'apprêter à de nouvelles présidentielles préfabriquées», a-t-il affirmé. Plus loin, Ghozali estime que même le retour aux affaires d'Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem fait partie de «ce casting». «Et puis, ajoute-t-il, ce ne sont pas les personnes qui posent problème, mais c'est le système dans son intégralité.» Le président du Front démocratique, qui revendique 10 000 militants, malgré l'absence d'agrément, qualifie de «grave» la situation économique du pays.«En trois mandats (de Bouteflika), nous avons consommé près de 800 milliards de dollars sur les 1000 milliards engrangés depuis l'indépendance. C'est très grave de compter uniquement, depuis 52 ans, sur une richesse que nous n'avons pas produite. Cette rente provient d'un don de la nature», s'est désolé celui qui était directeur général de Sonatrach durant 14 années. Pour sortir de la crise, Sid Ahmed Ghozali est convaincu que seul «un président élu par le peuple est capable de résoudre la crise». Il explique son idée par «la légitimité» dont bénéficiera ce chef de l'Etat.Mais il prévient que cela ne peut arriver dans les conditions actuelles. Pis encore, même «les tentatives d'ingérence étrangère ne sont possibles que parce que les dirigeants ne sont pas illégitimes. Les responsables se sentent souvent obligés de se mettre sous la protection des puissances étrangères au lieu de se mettre sous la protection de leur peuple», ajoute encore l'ancien ambassadeur d'Algérie à Paris. Interrogé sur les événements de Ghardaïa, Sid Ahmed Ghozali accuse le pouvoir de nourrir les divisions.




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