Algérie

Cette économie parallèle qui hante nos rues 61 000 « opérateurs » y activent


Cette économie parallèle qui hante nos rues                                    61 000 « opérateurs » y activent
e sont donc pas moins de 61 000 « opérateurs » de l'informel qui activent dans une clandestinité totale, propice à l'invisibilité fiscale et en marge des droits et devoirs de la sécurité sociale. Ce qui nous fait nous poser la question de savoir où nous allons face à cette dérive qui mine l'activité commerciale qui évolue dans la légalité et la transparence. L'impossible régulation, de l'aveu même des responsables du secteur, est un constat de situation insurmontable, les difficultés étant immenses pour contrôler des activités informelles. Pourtant, si on semble succomber sous le nombre du côté du ministère du Commerce, le fait étant que l'action de coercition censée accompagner les actes de régulation a fait défaut durant l'année 2011, il est tout aussi utile de reconnaître que des efforts formidables ont été consentis, assortis d'une mobilisation financière inégalée en vue de réorganiser les espaces commerciaux, à travers la construction de nouveaux marchés et la réhabilitation des marchés existants. Une manière de prendre le problème de façon latérale au lieu de s'y attaquer d'assaut. Il en résultera un réaménagement des espaces commerciaux qui devraient pouvoir absorber les dizaines de milliers d'acteurs informels qui hantent les rues et ruelles et qui encombrent les voies de circulation piétonne et automobile.
LES JEUNES ET L'INFORMEL
On l'a vu et revu, le scénario des rues définitivement vidées des personnels de l'informel est une scène très éphémère. L'expérience a duré quelques semaines, le temps que des jeunes viennent occuper de nouveau les espaces abandonnés par ceux qui étaient là avant eux et que les pouvoirs publics ont réussi à placer dans des espaces aménagés spécialement pour eux, dans un effort conjugué de la tutelle et des communes. L'espace de l'informel, il faut le comprendre ainsi, est une place au soleil, et non un pis-aller qui se substituerait à la condition de chômage, et la seule alternative, pour des jeunes qui ont éprouvé la rentabilité du commerce, c'est le commerce même, même si l'activité devient contraignante quand elle est encadrée et officielle. Cela dit, lorsque les pouvoirs publics arrivent à imposer cette alternative, même les jeunes ne peuvent qu'obtempérer, faisant qu'après eux de nouvelles cohortes de jeunes, choisissant opportunément une brèche de temps ou de contexte, pour occuper de nouveau les espaces. La coercition seule peut-elle venir à bout de cet irrédentisme hors-la-loi ' Il faut convenir que cela n'a pas été le cas au jour d'aujourd'hui, même s'il faut également reconnaître que même les autres approches rencontrent de très fortes résistances.
POURQUOI N'AGIT-ON PAS EN AMONT '
Les gens, forts de leur bon sens citoyen et d'une sagesse populaire, se posent toujours la question de savoir, quand par exemple ils voient des jeunes installer des tables pour vendre des pétards chaque année et quand ils entendent dire, à travers les médias et les journaux, que c'est illégal, pourquoi l'action d'interception de ces produits pyrotechniques ne se fait pas au niveau des grossistes et autres importateurs responsables et comptables au premier chef de cette entorse à la loi ' Après tout, ces distributeurs opportunistes de produits interdits d'utilisation non réglementée sont facilement repérables. Il suffit de suivre la filière, les jours d'euphorie, pour remonter jusqu'à la source. C'est ainsi que le simple citoyen, conduisant son raisonnement à son seuil d'incompréhension, finit, plein de compréhension, par estimer que de ce fait, les jeunes ont finalement le droit de vendre ces produits. Après tout, ils ne risquent pas de gagner les milliards que l'importateur indélicat amasse, moyennant la commercialisation de produits qui s'en vont en fumée au propre et au figuré.
LA REGULATION ET SES MOYENS
Doucement, mais sûrement, nous cheminons vers des conditions de régulation des activités commerciales, dont les instruments et les espaces, au fur et à mesure des expériences de la tutelle, sont dans un processus de mise en 'uvre qui devrait arriver à son terme avec la généralisation des marchés de gros et de la grande distribution. L'enjeu commun à ces espaces est de permettre une traçabilité des produits, favorisant une maîtrise de la commercialisation de tout produit, depuis sa production jusqu'à sa mise à la disposition du consommateur final. Ce sont là, en gestation, les conditions d'une neutralisation structurelle du commerce informel, mais aussi les conditions structurelles de la viabilisation de la grande distribution qui reste fragile en Algérie, tributaire qu'elle est d'espaces qui n'existent pas encore. Ce sont là les moyens de la régulation qui construisent un avenir pour le commerce sans l'informel, mais pas sans les jeunes de l'informel qu'il faudra 'uvrer à convaincre et à convertir à des activités visibles et rentables. Le potentiel d'emplois probables que la grande distribution et les marchés de gros risquent de créer, dans des conditions enviables de rémunération, ne représentent-ils pas cette alternative pour ces jeunes apparemment férus de commerce ' Si aujourd'hui l'informel est pointé du doigt comme un fléau, c'est parce qu'il l'est réellement, représentant, partout où il prolifère, un mal économique qui s'est avéré incurable sous d'autres cieux, à défaut de moyens financiers importants pour endiguer ces symptômes et ses sources. Mais il faut, malgré tout, reconnaître que l'informel, comme secteur ouvert, a recruté au sein des franges les plus vulnérables de la société, dans les moments les plus difficiles, auxquelles il a permis, avec leurs familles, de surmonter le choc de la transition vers l'économie de marché. Et puis, on ne peut faire l'économie de le dire, l'informel n'est que le reflet d'une incapacité de l'économie officielle de l'absorber et de l'intégrer. Il est également le reflet d'un esprit d'initiative, d'un sens du commerce et d'un dynamisme économique que l'on retrouve chez ses jeunes acteurs, dont l'imagination débordante ainsi que le sens des affaires et de la communication n'a rien à envier aux lauréats des écoles de commerces et qui pourraient, moyennant une mutation heureuse, faire partie des opérateurs économiques de l'Algérie de demain.
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