Cette brave fille dont nous abusons sans vergogne !

FLN et RND se disent prêts à entrer au gouvernement. Je veux bien les croire. En revanche, c'est nous ...... qui ne sommes pas prêts !
Dès qu'on m'a dit que le nouveau Premier ministre allait plancher sur des dossiers urgents, ma pensée irrépressible est allée vers une vieille connaissance. Une sacrée copine dont on se souvient du numéro et que l'on appelle de temps à autre pour une sortie. Elle est magnanime, la frangine ! Elle ne se plaint jamais qu'on l'ait un peu oubliée, délaissée ou même ignorée un temps. Non ! Dès qu'on compose son numéro, lui susurrant que ça serait bien de se revoir, la voilà qui se fait belle, se pomponne et attend qu'on vienne la chercher au bas de son immeuble. Pas rancunière pour un ... sou, la belle ! Et puis, lorsqu'elle est sortie, vous pensez qu'elle va passer le temps de sa balade, du rendez-vous à ressasser son amertume ou son courroux ' Que nenni ! Elle fait comme si de rien n'était. Prend sur elle. Ne rappelle pas un seul instant à celui qui la sort les mauvais traitements qu'il lui a fait subir la dernière fois, les excès, voire les outrages. Bonne pomme, quoi ! Le genre de copine que l'on aimerait tous avoir. Celle des mauvais jours. Des temps difficiles où l'affect est dans les chaussettes rapiécées. Et pas feignasse du tout, la coquine. Avec quelle ardeur elle se plie à tous les caprices, je ne vous dis pas. Ou plutôt, si ! Je vous dis ! Vous lui demandez de se lever tôt et de rentrer tard, vous croyez qu'elle va refuser ' Non, bien sûr ! Vous lui suggérez de tout accepter, sans regarder la couleur de l'argent, vous pensez qu'elle va s'en offusquer et vous demander « pour qui tu me prends ' » Jamais ! Disponible en tout temps, je vous dis ! Bon, bien évidemment, il faut aussi y mettre les moyens, un peu de prévenance, tout de même. Comme de la nourrir, de l'alimenter. En encre et en électricité. Eh ouais ! c'est le minimum que nous, les goujats qui l'appelons et la faisons sortir à n'importe quelle heure, lui devons en retour. Bourrez-la d'encre et vous la verrez aller au turbin sans rouspéter. Juste ce bruit doux, presque feutré des biffetons qu'elle va vous rapporter. De faux biffetons ' Pas tout à fait. Juste un rendu pour un prêté à une économie qui, elle, est factice. Bien factice. Brave fille, la planche à billets ! Vous le lui demanderiez en rab, qu'elle fumerait même du thé avec vous pour rester éveillée à votre cauchemar qui continue.
H. L.