L'Expression: Le président de la République a octroyé une allocation chômage pour les 19-40 ans. Pensez- vous qu'une telle disposition réussira à atténuer les problèmes de pouvoir d'achat des chômeurs'Hebib Si Ali: D'aucuns savent que nous sommes dans une situation de crise économique, qui a malheureusement engendré un nombre assez important de chômeurs, appartenant aux différentes tranches d'âges. À titre indicatif et selon les chiffres de l'Anem pour le mois de novembre 2021, il a été recensé quelques 2.101.678 demandes d'emploi, dont 1 287 562 hommes et 814 116 femmes. Il y a lieu de mentionner que 35% de ce stock de chômeurs sont des universitaires.
Certaines voix discordantes jugent ces mesures antiéconomiques.Elles affirment que de telles sommes devraient être investies dans la relance d'usines et projets d'utilité publique. Y a-t-il un sens à un tel raisonnement'
À mon avis, c'est une décision sociale qui s'est imposée par la force des choses, et je pense que c'est un choix qu'il faut valoriser. C'est la meilleure action de soutien direct aux couches sociales. Certes, la promotion de l'investissement comme seul moyen de création de postes d'emploi serait l'idéal pour toute politique économique performante. Néanmoins, que faut-il faire devant cette relance économique, qui tarde à venir. Le fait d'injecter des fonds, même pour une rente d'allocation chômage, est en lui-même un facteur favorisant la consommation. Ce qui va booster la machine économique et atténuer les effets de Covid-19 sur la population. L'engouement de la population devant les agences de l'Anem est en lui-même un signe de confiance que les engagements sont tenus.
Vous semblez pencher plutôt pour des correctifs à apporter au dispositif de manière générale. Quelles sont, selon vous, les lacunes qui subsistent dans ce dispositif'
Les premières corrections qu'il faut ajouter au dispositif allocation chômage, doivent être centrées sur l'élargissement du dispositif aux seniors. Cela veut dire aller au-delà de la tranche d'âge (19-40), pour inclure de nouvelles catégories de bénéficiaires dans le besoin. La durée de prise en charge des bénéficiaires doit être illimitée, et enfin supprimer la clause de l'ancienneté de 06 mois, qui ne cadre pas avec les exigences du moment.
Les primo-demandeurs sont privilégiés dans le cadre de cette allocation de chômage. Pensez-vous qu'on devrait l'élargir aux autres catégories de chômeurs, notamment les chefs de familles qui ne peuvent prétendre aux autres dispositifs sociaux'
Tout d'abord, il faut savoir qui est le primo demandeur d'emploi' Pour le moment, notre seule référence est l'article 3 du décret exécutif 08-126 du 19 avril 2008, relatif au dispositif d'aide à l'insertion professionnelle, qui définit le primo demandeur d'emploi. Il faut compter trois catégories dans le cadre de cet article, à savoir une première catégorie des jeunes diplômés de l'enseignement supérieur et les techniciens supérieurs issus des établissements nationaux de formation professionnelle. Ensuite, il y a la deuxième catégorie qui est celle des jeunes sortants de l'enseignement secondaire de l'Education nationale, des centres de formation professionnelle, ou ayant suivi un stage d'apprentissage. Et enfin, la troisième catégorie qui est celle des jeunes sans formation, ni qualification. Pour les seniors se trouvant dans la tranche d'âge entre 40ans et plus, l'Etat peut intervenir par le biais du dispositif de la Solidarité nationale pour assurer un revenu minimum de solidarité aux familles nécessiteuses.
Ne devrait-on pas à votre avis, à l'instar des pays européens, performer ce dispositif à travers des mesures corollaires astreignantes, notamment vis-à-vis des offres d'emploi à proposer à ces jeunes bénéficiaires'
Tout dépend de l'offre au sein du marché de l'emploi. Toutefois, des mécanismes de gestion de ce dispositif et de contrôle d'éligibilité des candidats potentiels, ainsi que les conditions de pertes de droits automatiques doivent être arrêtés, afin d'assurer une pérennité à ce dispositif.
On parle de possibles dépassements ou abus, notamment les indus bénéficiaires. À votre avis, l'Anem a- t-elle suffisamment d'outils et de personnels pour aboutir à des résultats fiables'
Le texte de loi parle d'un système de contrôle périodique confié à l'Anem, ainsi qu'à d'autres structures qui ne sont pas encore identifiées, jusqu'à maintenant. Etant donné qu'il s'agit des fonds publics, l'Etat peut élargir le contrôle à d'autres structures dûment habilitées.
Est-il sensé de lancer un dispositif pour ensuite, envisager de lancer des mesures corollaires comme la plateforme numérique servant de support de communication avec l'Anem'
Il faut être compréhensif vis-à-vis des conditions du lancement du dispositif. Je pense que l'Anem sera au rendez-vous. Elle dispose d'un capital expérience et savoir-faire et surtout les moyens nécessaires pour corriger les insuffisances enregistrées au début du lancement de cette opération.
À votre avis, faut-il confier la gestion de ce dispositif à une agence nouvelle'
Non, je ne pense pas. En fait, le secteur du travail dispose de moyens et de structures nombreuses à même de prendre en charge pareils dispositifs. Pour le moment, le dispositif a été confié à l'Anem, puisqu'il s'agit d'une indemnité ou d'une allocation pour les non-actifs. Bien sûr, l'Anem dispose de moyens lui permettant de gérer ce dispositif, en attendant de voir si une autre structure va se faire confier ce dossier. Il y a lieu de signaler que pour la première fois, le décret parle de dividendes ou de pourcentages pour la performance des équipes de l'Anem. Ceci étant dit, la Cnac est la mieux indiquée pour gérer ce dispositif,puisqu'elle dispose d'instruments adaptés pour gérer ce dispositif.
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Posté Le : 26/02/2022
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed OUANEZAR
Source : www.lexpressiondz.com