Algérie

Cessez-le-feu en Libye



Les parties rivales libyennes ont appelé hier au retrait de toutes les forces étrangères présentes sur le territoire libyen, au démantèlement des milices et à la reprise de la production et l'exportation pétrolières.Après plusieurs années de conflit meurtrier opposant le Gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli, reconnu par l'ONU, et l'Armée nationale libyenne (ALN), dirigée par le général à la retraite Khalifa Haftar, les belligérants libyens ont annoncé hier un "cessez-le-feu immédiat et l'arrêt de tous les combats sur tout le territoire libyen", ouvrant ainsi la voie à un retour de la paix dans un pays poussé au bord de l'éclatement.
Dans deux communiqués distincts, diffusés dans la matinée d'hier, Fayez al-Sarraj et Aguila Saleh, président du Parlement de Tobrouk, contrôlé par Haftar, se sont engagés en outre sur la tenue d'élections présidentielle et parlementaires qui devraient avoir lieu en mars 2021.
"L'objectif du cessez-le-feu est de restaurer la souveraineté sur tout le territoire libyen avec le retrait de toutes les forces étrangères et des mercenaires présent en Libye", lit-on dans le communiqué de Fayez Al-Sarraj qui précise que l'organisation d'"élections présidentielle et parlementaires en mars prochain se fera sur la base constitutionnelle qui doit bénéficier du consensus de tous les Libyens".
Le chef du GNA a appelé en outre à la reprise de la production et de l'exportation pétrolières, "à condition que les revenus soient déposés dans les comptes de la compagnie pétrolière nationale libyenne (NOC), auprès de la banque extérieure".
Al-Sarraj conditionne par ailleurs cette entente historique entre les deux parties rivales par "la démilitarisation complète des régions de Syrte et d'Al-Jufrah avec un accord entre les forces de police des deux parties sur la sécurité intérieure dans ces deux villes".
Dans un document similaire scellant cette entente, le président de la Chambre des représentants (Parlement), Aguila Saleh, a émis le v?u de "faire de la ville de Syrte un siège temporaire pour le nouveau Conseil présidentiel". L'annonce des deux parties d'un cessez-le-feu intervient, rappelle-t-on, après que des groupes fidèles à Khalifa Haftar ont décidé en fin de semaine la levée du blocus imposé sur les champs et terminaux pétroliers depuis des mois ainsi que la reprise des exportations et de la production de brut.
La diplomatie a payé
Elle est aussi le résultat d'un long processus de tractations internationales pour remettre le processus politique sur les rails, avec l'objectif d'un retour à la paix. Des réunions, sous l'égide de l'ONU, regroupant les belligérants libyens et les acteurs étrangers impliqués dans la crise libyenne, ont eu lieu à Palerme, en Italie (novembre 2018) suivies quelques mois plus tard de la rencontre de Paris (mai 2018), et de celle d'Abou Dhabi (février 2019) ou encore celles plus récentes de Moscou et de Berlin (janvier 2020).
De leur côté, les pays voisins n'ont pas cessé leurs efforts diplomatiques pour aider la Libye à sortir de son chaos, aggravé par les interventions étrangères. L'Algérie et la Tunisie, qui partagent de longues frontières avec ce pays, ont lancé il y a un mois une initiative commune basée sur le dialogue politique.
Le président de la République Abdelmadjid Tebboune a évoqué le 20 juillet dernier à la crise en Libye, réaffirmant que le règlement du conflit "passe impérativement par la table du dialogue et que l'usage des armes n'est pas et ne sera jamais la solution".
Avec les pressions, en parallèle, des Etats-Unis sur les belligérants libyens, d'une part, et d'autres part sur les acteurs intervenants directement dans le conflit libyen, à l'instar de la Russie accusée d'avoir envoyé des milliers de mercenaires sur le terrain, la voie diplomatique a fini par payer.
Au plan militaire, le poids de l'intervention turque, en janvier 2020, en faveur du GNA, a lui aussi permis au gouvernement de Tripoli de négocier en position de force après avoir repoussé les troupes du général Khalifa Haftar des lignes de combat de Tripoli et la reprise, quelques semaines plus tard, de plusieurs villes sous le contrôle alors de Haftar. En juin dernier, le gouvernement de Tripoli a repris le contrôle de l'ensemble du nord-ouest du pays.
Karim Benamar


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