Algérie

Cessation de paiement


Cessation de paiement
Si à ArcelorMittal Annaba les grèves portant revendications socioprofessionnelles étaient légitimées par la situation aléatoire des 7 000 salariés en poste dans les unités de Annaba, Tébessa et celles commerciales à travers le pays, rien ne justifie les opérations intermittentes de déstabilisation. Le débrayage sauvage des fondeurs, l'occupation de la mine de l'Ouenza par une quinzaine de chômeurs et celle qui dure toujours au Laminoir de rond à béton sont des ingrédients d'une situation qui amène moult interrogations.
S'y ajoute le silence qui, depuis mai 2011, entoure la demande de financement du Plan d'Investissement (P/I) déposée par la direction générale pour la réhabilitation des installations de production. Elle avait été pourtant bien accueillie par le ministère de l'industrie 2 mois auparavant. Dix mois après, l'on est au point mort. Pire, le point de non retour est atteint avec l'annonce officielle de cessation de paiement. Elle intervient au moment où le complexe sidérurgique El Hadjar enregistre son plus bas niveau de production depuis sa mise en service en 1965 avec seulement 580.000 tonnes d'acier liquide produites en 2011. L'alerte avait été donnée dans ses mêmes colonnes sous le titre : «Menace sur la sidérurgie nationale ». Direction générale, experts, syndicalistes et les fondeurs expérimentés en poste s'accordaient à dire que le Haut Fourneau N° 2 (le N°1 est à l'arrêt depuis des années pour un problème technique) représente un réel danger de mort pour toutes les personnes qui activent dans et autour de l'installation. « le H.F est en fin de campagne depuis plus de 2 années. Il est maintenu en exploitation grâce à des opérations de rafistolage et le système D. Les risques d'explosion sont réels » explique Smaïl Kouadria le secrétaire général du syndicat. Il est rejoint par Boudjemaa Bouraï le président du comité de participation. «Nous n'avons pas attendu que la société atteigne ce stade de pourrissement pour dénoncer les risques sur la sécurité de nos effectifs que représente la vétusté du HF N°2. Il risque d'exploser à tout instant. C'est un tas de ferraille qui fonctionne miraculeusement. Mais ça ne peut plus durer » explique t-il. Ces deux déclarations sont confortées par les conclusions des experts étrangers sollicités courant 2010 pour expertiser l'ensemble des installations, le HF, la cokerie, les aciéries, laminoirs' Leurs conclusions ont imposé à la direction générale d'élaborer et de soumettre en mars 2011 aux autorités algériennes le P/I de 500 millions d'euros pour leur réhabilitation, changement ou rénovation. «ArcelorMittal fait face à une obligation contractuelle de remboursement de crédit arrivée à terme le 3 janvier 2012. Un retard dans la disponibilité locale de fonds est intervenu suite à une demande inattendue de garantie. Demande pour laquelle AMA et le gouvernement algérien coopèrent pour trouver une solution » affirme le DG AMA reprennant les termes du communiqué qu'il a émis. Il s'est également inquiété du long silence entourant la demande de financement du P/I déposée en mars 2011, « nous avons enregistré des signaux positifs des autorités algériennes jusqu'à mai, depuis plus rien. J'ignore pourquoi nous sommes confrontés à ce type de problème. Alors qu'il était prévu d'entamer ce P/I avant fin 2011» a-t-il précisé. Ce à quoi semble vouloir répondre Mohamed Benmeradi ministre de l'industrie lorsqu'il a déclaré sur les ondes de la Chaîne II : «les négociations entre la direction de l'entreprise et la BEA pour l'obtention d'un prêt afin d'appuyer un plan d'investissement estimé à 270 millions de dollars, vont dans le bon sens». Le ministre a également souligné les bonnes dispositions du partenaire étranger à offrir des garanties en faisant appel à la direction du groupe au Luxembourg. M Benmeradi n'a pas, par contre, commenté la proposition faite par AMA quant à le dépôt de garanties sous la forme de biens immobiliers. Jusqu'à jeudi en début d'après midi, rien na changé dans la position de la direction générale AMA toujours décidé à déposé on dossier de cessation de paiement. D'autant qu'occupée par des chômeurs, la voie de chemin de fer desservant à partir de Ouenza le complexe sidérurgie El Hadjar en minerai de fer est paralysée. Depuis jeudi, elle est occupée par des chômeurs qui interdisent tout trafic ferroviaire. Ce qui a donné un plus à l'impatience de syndicaliste. Jeudi, leur secrétaire général et le président du comité de participation ont menacé d'occuper dés le 19 janvier prochain le siège du groupe Sider, le partenaire à 30% des actifs d'ArcelorMittal. « Par la suite, les 300 représentants des travailleurs se constitueront en délégation et se déplaceront à Alger pour y tenir un sit-in devant le ministère de l'industrie. Nous battrons le rappel des syndicalistes de toutes les zones industrielles du pays pour sauver notre outil de travail. Il n'y a pas d'autres choix. Que l'on nous accorde le financement demandé par l'employeur pour la mise en route du P/I. A défaut que soit entamée la nationalisation du complexe sidérurgique » annonce Kouadria. Il a ajouté que la direction générale ArcelorMittal a essuyé un échec dans sa tentative de bénéficier auprès de la Banque Extérieure d'Algérie (BEA) d'un crédit de 200 millions dollars. Ce crédit aurait permis d'entamer le P/I et rembourser un prêt de 120 million. «Aujourd'hui, ArcelorMittal ne dispose plus de liquidités à même de lui permettre de poursuivre ses activités » révèle le même syndicaliste. Il a, par ailleurs, exprimé son incompréhension face au refus de la BEA d'admettre en hypothèque les biens immobiliers au lieu et place du terrain d'implantation du complexe qui n'appartient pas à la société. Courant septembre 2011, le gouvernement avait donné son accord de principe au lancement du plan en question prévu pour se poursuivre jusqu'à 2015. Il est destiné à rénover les installations de production pour amener la production d'acier liquide à 1,5 millions de tonnes/an. Et avec la réalisation d'un équipement de réduction directe, atteindre les 2,4 millions de tonnes en éponge de fer. D'où la menace de facture sociale incalculable qui plane sur le complexe El Hadjar. Elle devrait se matérialiser dans les prochains jours avec le redressement judiciaire que ne manquera pas d'ordonner le juge prés le tribunal El Hadjar. Il devrait être saisi dés aujourd'hui samedi par la direction générale ArcelorMittal Annaba pour la déclaration officielle de cessation de paiement. La démarche est obligatoire. Elle est le prélude au dépôt de bilan. Tout en évitant d'aborder cette dernière question synonyme de fermeture du complexe sidérurgique El Hadjar, Vincent le Gouïc ne désespère voir réagir les décideurs algériens.
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