L'Algérie s'engage dans sa deuxième grande bataille contre la Covid-19. L'inquiétante hausse des contaminations met la société en ordre de bataille et les autorités publiques en état d'alerte. Les récentes décisions prises à l'échelle des wilayas signalent un retour de la rigueur dans le traitement des causes de la propagation du virus. Le discours est on ne peut plus ferme et les opérations de sensibilisation de la police aux quatre coins du pays annoncent une montée en puissance de l'Etat dans l'application stricte des mesures de protection contre la Covid-19. Cette partie de la lutte contre la pandémie a déjà été mise en oeuvre et montré toutes ses vertus. Elle suit son cours normalement. Reste la phase vaccinale.Les Algériens ont bien saisi la stratégie à deux temps qui consiste à alerter sur le risque de contamination tout en appelant à une accélération de la vaccination de masse. Mais à voir les moyens mis en oeuvre, le discours des autorités et la réalité du terrain, force est de constater qu'il manque un chaînon dans la démarche des pouvoirs publics. En effet, il se dégage une impression de chahut, autant au sein d'une opinion publique qui court dans tous les sens, qu'au niveau de la communauté des soignants et des autorités sanitaires, qui semblent s'être engagées dans une opération sans objectifs clairement définis.
L'improvisation est à tous les étages. Les centres de vaccination sont ouverts de manière aléatoire, au jour le jour. Aucune information n'est fournie, au préalable, sur leur nombre exact, leur situation géographique et leur capacité d'accueil. Les numéros de téléphone du ministère de la Santé ne répondent pas. Pas de numéro vert dédié à la vaccination. La plate-forme vaccinale sur Internet ne sert plus à rien et les autorités sanitaires ne communiquent pas sur le nombre quotidien de personnes vaccinées. En un mot comme en mille, la campagne de vaccination est en passe d'échapper au contrôle de ses initiateurs et risque de se retrouver dans une impasse, le jour où l'afflux de citoyens deviendra véritablement important.
L'absence d'une communication claire et précise en direction de la société pénalisera lourdement le processus vaccinal. Cela à court terme. Et pour cause, les témoignages des premiers vaccinés illustrent assez bien le niveau d'impréparation des équipes médicales en termes d'organisation. On voit mal ces dernières faire face à plusieurs milliers de candidats au vaccin dans les tout prochains jours. Cette perspective est certaine au vu de la progression presque exponentielle des contaminations. La barre des 900 cas a été dépassée, hier, et la panique ne tardera pas à s'installer au sein de la population. Avec le niveau de communication, au ras des pâquerettes, qu'adoptent les pouvoirs publics, l'on n'est pas loin d'une nouvelle situation de tension. Il sera compliqué d'en sortir. Surpris par la fulgurance du variant Delta, les Algériens n'ont pas eu le temps de prendre la mesure du danger qui les guette. L'attentisme des autorités qui annonçaient, au début de l'année 2021, 800 centres de vaccination à l'échelle de tout le pays, n'est pas compréhensible. En tout cas, si cette organisation existe bel et bien, le minimum aurait été d'en informer les Algériens dans les détails, commune par commune. Or, à ce qu'on voit, ce n'est pas le cas. L'opinion nationale n'a aucune information sur la carte vaccinale qui devait être très largement disponible dans les médias et sur l'Internet. Force est d'admettre qu'on a appelé les Algériens à la vaccination massive, sans leur avoir au préalable fourni une information correcte sur comment, quand et où le faire. On en est arrivé, quelques jours à peine après avoir ouvert les centres de vaccination, à des situations plutôt burlesques avec des points d'accueil débordés, d'autres censés être ouverts et qui ne le sont pas et d'autres encore où le vaccin est disponible, mais pas de candidats.
Le gouvernement Benabderrahmane est face à son premier défi. Il n'est pas d'ordre politique ou matériel. Il relève de la communication institutionnelle qui fait visiblement défaut en cette entame de campagne qui est partie pour durer plusieurs mois.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 14/07/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Saïd BOUCETTA
Source : www.lexpressiondz.com