Algérie

Ces poubelles qui ne jeûnent pas



Ces poubelles qui ne jeûnent pas
Consommation et gaspillage durant le mois de Ramadhan


Les poubelles débordent de denrées alimentaires. 20% des changements climatiques sont provoqués par la production, la transformation et le stockage de produits…jetés.

Pains complets et variés, chorba frik et chorba vermicelle, elham lehlou, quelques briques à la viande hachée et d’autres aux épinards qui ont l’air moins appétissants. Pour l’entrée : salade de tomates un peu avachie et une autre, un peu boudeuse, à la laitue. Pas de gâteaux par contre, tout a dû être mangé !

La table est bien garnie ?

Non, les poubelles sont bien garnies. Il ne s’agit pas là du traditionnel menu des tables algéroises mais du traditionnel menu des poubelles du pays, ou du moins, pour ce qui a été observé, dans les poubelles de la capitale.

Quand on sait que 13% de la population mondiale souffre de malnutrition et que le coût des denrées alimentaires durant le Ramadhan est multiplié par deux, on se dit qu’il y a problème.

Mais dans ce cas, où se situe-t-il ?

Quelques pistes…

Pas uniquement les Algériens, pas uniquement le Ramadhan.

La plupart des pays musulmans connaissent cet état de fait durant le mois de jeun. Au Maroc, une étude a révélé que le citoyen gaspille, hors période de Ramadhan, entre 15 et 20 kg de nourriture et que le gaspillage serait encore plus important durant le mois sacré.

Dans le monde, environ ¼ de la nourriture produite est jetée sans avoir été consommée et durant Noël, le gaspillage alimentaire augmenterait de 80% aux Etats-Unis. Bon nombre d’observateurs mondiaux déclarent que ces pratiques sont pourtant contraires à la volonté des gaspilleurs mais qu’elles relèvent davantage d’une mauvaise gestion et organisation. Et d’ajouter que certaines mesures domestiques pourraient grandement réduire ce phénomène.

Car faut-il faire remarquer que ce qui est jeté aux ordures n’a parfois même pas été déballé ou consommé. Comme exemple de mauvaises habitudes relevées : la non observation de la date de péremption ou le fait également de ne pas faire de menu pour la semaine ni de liste des courses.

LES PIEGES DU RAMADHAN

En plus de l’absence de gestion domestique des courses, on peut ajouter l’achat compulsif du jeûneur. Un conseil donc : faîtes vos courses le plus tôt dans la journée muni d’une liste (quand le ventre ne gargouille pas encore) et éviter les magasins alimentaires à l’approche du ftor. On peut ajouter le fait d’acheter des aliments dans les commerces illicites. Les produits sont généralement mal conservés, surtout en ces périodes de grosse chaleur, et le consommateur se retrouve souvent avec un produit périmé ou en voie de péremption.

Autre mauvaises habitudes constatées dans les pays maghrébins : on ne sait pas qui sera là pour le principal repas. La mère de famille se retrouve à jeter car ses enfants ont dîné avec un sandwich toute la semaine dehors.

Tout ce gâchis porte préjudice à l’environnement, et ce, à plusieurs échelles. D’abord, il y a l’aspect relatif à la salubrité des quartiers. Les trottoirs ressemblent à de véritables décharges publiques et les denrées jetées sont traînées par les animaux errants sur de grandes distances, rendant difficile le ramassage par les agents de Netcom.

Il faut signaler que 20% du changement climatique est attribué à la production, la transformation et le stockage des produits alimentaires. Or toutes les denrées jetées sont passées par ce cycle de production.

SOYONS CRÉATIFS

Quelques règles simples permettent d’éviter le gaspillage et ainsi de dispenser l’environnement de tous ces maux. Par exemple, les mets préparés et non consommés peuvent être congelés et resservis sans altération. Jeter systématiquement tous les aliments détériorés afin d’éviter une contamination dans le frigo.

A noter que dans certains frigos, des emplacements refroidissent plus que d’autres et sont donc propices à certains aliments comme la viande hachée. Vérifier les dates de péremption et faire une liste de courses. Et puis, soyons créatifs : il reste du poulet de la veille ? Ne pas le jeter, l’émietter et s’en servir pour une farce de bourek.

Enfin, pour revenir à l’objectif premier du mois de carême, donnons !

Faire l’inventaire objectif de ce qui ne sera pas consommé comme certains plats ou certains légumes et les offrir.

Les demandes sont légion devant les mosquées où l’on ne rappelle peut-être pas assez souvent : « Et donne au proche parent ce qui lui est dû ainsi qu’au pauvre et au voyageur (en détresse). Et ne gaspille pas indûment, car les gaspilleurs sont les frères du diable, et le diable est très ingrat envers son seigneur ». Coran S. 17/V.26 et 27.



Article de ZinebA. Maïche / El Watan du 17 septembre 2009
Par Abdelouahab Karaali


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