Algérie

Ces libérateurs devenus redresseurs de torts'



Ces libérateurs devenus redresseurs de torts'
L ’Histoire n’oubliera pas les libérateurs devenus oppresseurs. En Afrique, dans le monde arabe, en Amérique du Sud, en Asie, les révolutionnaires sont, parfois, passés de l’autre côté de la barrière, se comportant de la même manière que les forces coloniales qu’ils avaient combattues. Dans  Poussières de vie, projeté lundi soir à la Cinémathèque d’Alger lors de la clôture du premier Festival international du cinéma d’Alger consacré au film engagé, Rachid Bouchareb est revenu sur un épisode douloureux après le retrait des troupes américaines du Vietnam en 1975. Heureux de rejoindre leurs foyers, les soldats US ont laissé derrière eux 40 000 enfants, fruits d’amours passagères ou de viols. Aidé par Bernard Gesbert, Rachid Bouchareb s’est basé sur le roman de Duyên Anh, La colline de Fanta, pour écrire le scénario de ce drame sorti en 1995. Romancier et journaliste, Duyên Anh avait souffert du régime communiste. Entre 1981 et 1976, il avait été mis en détention en raison de ses écrits contestataires. Une forte mobilisation menée par Amnesty International avait forcé le régime de Hanoï à libérer l’écrivain qui devait échapper, des années plus tard, à un attentat en Californie aux Etats-Unis. Duyên Anh, considéré comme «un écrivain dangereux»,  fut le premier à dénoncer, dans son roman, la mise au pas moralisatrice du régime né après la prise de Ho Chi Minh Ville (Saïgon) en avril 1975. Les images de Poussières de vie sont parlantes : des soldats «ramassent» des enfants et des adolescents dans les rues de Saïgon. Ils leur reprochent de fouiller dans les poches des passants et d’être, de ce fait,  «nuisibles» à la société. Les jeunes détenus sont conduits dans des camions vers un camp de travaux forcés pour qu’ils retrouvent «le droit» chemin… A travers le personnage de Sun N’Guyen, 13 ans, fils d’une Vietnamienne et d’un noir américain, Rachid Bouchareb restitue le drame de ces enfants livrés à la violence de soldats moralisateurs et impitoyables. Sun écrit la nuit dans la froideur de la jungle ce qu’il vit et tente d’envoyer une lettre. Il suscite la colère du chef lorsqu’il essaie de pratiquer sa foi chrétienne. Il est, avec deux autres adolescents, emballé par l’idée de prendre la fuite à bord d’un radeau à travers la rivière. Le projet échoue. Bien mené techniquement, le film de Rachid Bouchareb laisse le spectateur sur un goût d’inachevé. A peine est-on plongé dans l’histoire que la fin approche. C’est peu ou pas assez. Le cinéaste aurait pu approfondir plus le drame pour que l’épaisseur du long métrage soit convaincante. Il n’est certes pas obligé de tout dire, mais que l’on sache au moins pourquoi Sun écrivait et où sont passés ses écrits. La caméra s’est, à plusieurs reprises, attardée sur le cahier froissé du jeune garçon. Rachid Bouchareb n’a malheureusement pas pu éviter le raccourci de monter les Vietnamiens sous le visage du méchant, à travers des soldats qui n’hésitent pas à tuer des enfants. Comme il a à peine survolé la véritable thématique du film, celle de ces enfants nés entre deux bombardements, livrés à la rue par des pères soldats sans cœur et sans conscience. Ce sujet n’a jamais été abordé par le cinéma algérien pour ce qui est de la guerre de Libération nationale et bien avant. Un tabou ' Rachid Bouchareb finalise un nouveau long métrage qu’il compte inscrire au prochain festival international de Berlin. «Bouchareb est triste de n’avoir pas pu faire le déplacement à Alger. Il est en train de terminer la post-production de son dernier film. C’est une question d’heures pour lui pour être présent à Berlin. S’il rate une journée, il peut ne pas faire partie de la sélection officielle du festival», a précisé Ahmed Bedjaoui, président d’honneur du Festival international du cinéma d’Alger. Rachid Bouchareb a délégué Yann Roussel, un acteur du film, pour le représenter. Ahmed Bedjaoui s’est félicité du fait que la Cinémathèque d’Alger retrouve son brio et sa place de lieu de rencontre pour les cinéastes, les critiques, les journalistes et amateurs du septième art. Depuis le 29 novembre dernier, dix- huit longs et courts métrages, ainsi que des documentaires ont été projetés à la faveur des journées du film engagé comme The land speaks arabic (La terre parle arabe) de la Palestinienne Maryse Gargour, Personna non grata de l’Américain Oliver Stone, La fin de la pauvreté ' du Franco-Américain Phillipe Diaz, L’Algérie, de Gaulle et la bombe de l’Algérien Larbi Benchiha, et Ecuador du Suisse Jacques Sarasin.

 


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