-Pour quelles raisons avez-vous entamé, à la rentrée, une recherche sur les chômeurs des villes du Sud 'Nous cherchons à comprendre pourquoi les tensions sociales persistent dans la région, principalement du fait des chômeurs. Ouargla est une ville pourvoyeuse d'emplois. Les offres d'emploi sont supérieures aux demandes. Il y a pourtant toujours des jeunes qui manifestent. Or, si on analyse le discours des protestataires, ils ne demandent pas du travail, ils disent : nous voulons nos droits. Du travail, il y en a. Mais ces jeunes essayent d'avoir accès à une position sociale.-En quoi est-ce différent 'Les concepts de travail, de position sociale, dépendent de critères socioculturels propres à l'individu. Il y a cinquante ans, des populations du désert se sont installées dans les villes du Sud. Or, ces populations ont une conception du monde du travail qui est différente de celle des populations urbanisées depuis plus longtemps. Il faut se demander quelle est leur représentation du travail, du gain. Un descendant d'une population du désert ne veut pas toujours travailler comme forgeron, faire un travail manuel. C'est une question de noblesse bédouine. Vous n'allez pas lui dire d'aller dans un centre de formation professionnelle pour être forgeron ! Il y a certains métiers qui correspondent au profil de ces gens-là, comme chauffeur, mécanicien. Ce sont des métiers de risque, d'ambition, ce sont des métiers valorisants d'après leurs références culturelles. Il faut adapter les formations et les offres d'emploi selon les grilles socioculturelles que nous n'avons jamais comprises en Algérie et que nous n'avons jamais essayé de comprendre.-Les politiques de lutte contre le chômage doivent-elles prendre ces éléments en compte 'Oui, il faut mettre les gens à l'aise dans leur vie, dans leur métier et dans leur ville. Aujourd'hui, dans les villes du sud de l'Algérie, nous assistons à des mutations sociales. De manière hebdomadaire, nous observons des manifestations qui dégénèrent violemment. La citadinité est en cours de création. Il y a un problème d'identité. Les nouveaux urbains se demandent qui ils sont, à quel lieu ils appartiennent. Ces questionnements, ces malaises poussent les gens à être en situation de revendication. La question, c'est le problème de la relation à l'autre, de relation avec la ville, de relation de quartiers entre eux. Si les changements matériels vont vite et qu'on peut construire des villes comme Dubaï très rapidement, avec de l'argent, il faut du temps pour créer de la citadinité dans la ville saharienne. Il faut la réfléchir à travers ses habitants. La ville ce n'est pas les plans, c'est la vie des gens.
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Posté Le : 07/03/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : El Watan
Source : www.elwatan.com