Ces hommes et femmes terminant leur vie seuls

Les émigrés retraités d'origine algérienne installés en France et qui finissent leurs jours, voire meurent seuls dans leurs chambres d'hôtel ou dans des foyers pour migrants, est une réalité amère. Il ne se passe pas un mois sans qu'on entende parler de tel retraité, installé seul en France, découvert plusieurs jours après sa mort dans son logement. C'est le drame de ces émigrés, dont une grande proportion est constituée d'Algériens, restés après leur retraite dans l'Hexagone et vivant loin de leurs familles restées en Algérie. En France, les retraités vivant seuls viennent essentiellement du continent africain avec 45% des cas, avec une prédominance de nos compatriotes. Un Africain sur deux vivant seul sa retraite en France est d'origine algérienne. La situation de ces Algériens devient difficile quand on sait que 54% d'entre eux sont des célibataires, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de famille et de liens familiaux en France. Seuls 17% d'entre eux sont mariés, mais leurs femmes et enfants ne les ont pas rejoints. C'est pour cela que les sociologues et anthropologues parlent d'immigrés isolés. Ces immigrés isolés d'origine algérienne sont plutôt des célibataires que des veufs ou des séparés. Du coup, ces hommes de plus de 70 ans vivent seuls depuis plus longtemps, aggravant leur isolement après la retraite et leur déconnexion de la vie active. Arrivés à l'âge de la retraite, c'est la vie en solitaire qui perdure. Ces immigrés isolés vivent au rythme des va-et-vient entre la France et l'Algérie au point où ils sont qualifiés par le sociologue A. Sayad d'absents ici et là-bas. Le phénomène des immigrés algériens arrivés à l'âge de la retraite et vivant isolés n'est pas le propre des seuls hommes.Les femmes aussi vivent cette situation. Sauf que pour ces dernières, âgées de plus de 65 ans, elles sont le plus souvent veuves ou séparées. Leur nombre est deux fois plus important que celui des hommes. Les femmes immigrées découvrent la vie en solitaire tardivement par rapport aux hommes. Le drame des immigrés retraités isolés a fait l'objet, en 2006, d'une attention particulière lors d'une étude menée en France sur le vieillissement de l'immigration par le Centre de recherche sur l'immigration (CRI), en collaboration avec la mairie de Lille. Trois années auparavant, soit en 2003, une autre étude, la plus connue sur le phénomène, a été déjà menée par la CNAV en collaboration avec l'INSEE. C'est la fameuse PRI, un travail repris en partie par Remi Galou lors de l'étude du CRI de 2006.M. K.