Algérie

CES HARRAGAS QUI « BRÛLENT » LES COEURS



jeudi 30 septembre 2021.
PAR HAMID TAHRI
Osons , cette parabole, ô combien révélatrice, du gars, ayant perdu ses clefs, ne les cherche, que sous un réverbère. Face à la perte des repères, l'éblouissement des lumières ,supposées ou réelles, mais rêvées par les Harragas ,ces laboureurs des mers, ont pris le terrible pari ,de soigner leur désespoir, au péril de leur vie !Ainsi en est il, de ces dizaines de personnes, de tous âges , des deux sexes, qui fuient le pays, à un rythme effréné et effarant. Le compte macabre des disparus, est sinistrement édifiant .
Dans cette grave recrudescence de l'émigration clandestine, chacun des partants ,pour un illusoire Eldorado, évoque son propre motif, sa propre raison. et son « indiscutable » logique . Bien entendu, on doutera, que les clefs du sauvetage, soient à chercher sous le seul réverbère. Aveuglé par le miroir aux alouettes, par l'outrance des illusions, le potentiel naufragé, est obnubilé par les délices d'un paradis virtuel.
Tragique spectacle, que ces dizaines de Harragas désemparés ,au c?ur d'une mer ,en furie, partis sur des embarcations de fortune, parfois des canots ,souvent au prix fort, exigé par des passeurs cupides , sans foi ,ni loi. La nouveauté, et ce qui frappe les esprits, c'est que les candidats à la Harga, partent aussi en famille ,parfois avec des bébés, issus ,pas seulement des couches sociales, défavorisées, comme on l'a ,constaté par le passé. Des médecins, des ingénieurs, des enseignants et même une femme enceinte et des footballeurs professionnels!!
Pourquoi fuient ils le pays'. Ce qui est sûr, c'est que cette péripétie est une convulsion d'un monde troublé au bord de la crise de nerfs! Si nous abordons ,ce sujet brûlant et dramatique, zappé par les médias publics, alors que la communauté nationale tout entière, en est éprouvée, c'est que les départs suicidaires pour l'autre rive nous interpellent chaque jour, après des traversées qui se soldent souvent par des drames.
Des dizaines de personnes prennent la mer ,chaque jour. Alors que c'est la mer ,qui les prend hélas au grand désarroi de leurs familles éplorées. Ces deuils ,auront déferlé sur nous, comme jamais, à intervalles réguliers. Devrions nous regarder ailleurs, jouer à l'autruche et nous déculpabiliser ou au contraire, tenter d'en connaitre les tenants et les aboutissants.
Ce fléau, parce que c'en est un, ne saurait s'expliquer seulement ,par le mal être et la mal vie. Hypothéquer sa vie, la risquer dangereusement, n'est il pas une négation de soi en se déconsidérant au plus haut point. ' Posture que notre religion réprouve. Ce qui est sûr, c'est qu'en embarquant vers l'inconnu, les harragas se font violence! Ici, la violence ,est condamnée pour ses conséquences non pour elle même.
Pour certains, la violence est aussi manquement par un individu ou un groupe ,à un ensemble de règles communes .Pour d'autres, cette violence est le produit d'une société qu'ils accusent. Entre les deux discours, une démarche froide , scientifique, plus que souhaitée, tarde à se faire jour. Car ce phénomène ,risque de connaitre des développements, encore plus douloureux. 'L'essentiel c'est d'y voir, naître une conscience collective, pour un défi commun, celui de régler cette problématique. Car l'autre danger est que les rescapés, de ces virées aléatoires et suicidaires, deviennent des monnaies d'échange où des otages dans les pays où ils ont eu la chance de débarquer.
H.T


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