Algérie

Ces explosions sous-marines avec de l'air comprimé ont fortement impacté le petit poisson pélagique



Pourquoi Probium s'oppose-t-il à l'exploitation des hydrocarbures en offshore au large des côtes de Annaba 'Ce qui nous a choqués et alertés en premier lieu, c'est la manière et l'opacité avec laquelle l'opération a été pilotée. Quand je dis nous, ce sont la société civile, les écologistes et les pêcheurs.
Et je là je tiens à souligner tout particulièrement le silence assourdissant du ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables (MEER). Nous avons réagi face aux risques et aux dangers que font courir ce type d'activité à la vie marine mais aussi par le fait accompli provoqué par la flotte des bateaux qui s'est installée soudainement au large des côtes de Annaba et Chetaïbi, refoulant de fait les pêcheurs hors de leurs zones de pêche.
Quels sont sur le fond les risques de l'exploitation offshore '
Il y a trois types de risque, un pour chaque phase de l'exploitation. La première est l'exploration, le mapping sismique. Ces explosions sous-marines avec de l'air comprimé, faites le mois dernier sur notre côte, ont, selon nos observations confirmées par les prises des pêcheurs, fortement impacté le petit poisson pélagique avec de maigres pêches de thonidés et d'espadons. En clair, ces explosions ont fait fuir le poisson de son habitat.
Dans l'exploration toujours, il est prévu ce qu'on appelle le forage wilcat ou forage test. C'est un forage qui sert à vérifier la présence, la qualité de pétrole ou de gaz et donc la rentabilité d'une zone. Le risque qu'il fait peser sont les fuites d'hydrocarbures et des adjuvants qui provoquent immédiatement la destruction de l'habitat dans le secteur du wilcat et sa proximité.
La deuxième phase est celle de l'exploitation proprement dite avec le risque majeur des marées noires, hécatombe et désastre absolu potentiel pour toute la côte est algérienne, les courants marins aidant. La troisième phase est celle de la fin d'exploitation et du démantèlement des structures. Et à ce stade, l'industrie du pétrole ne sait toujours pas faire ni proposer des solutions durables, autrement dit qui protègent l'environnement et la vie marine
Pourtant beaucoup de pays à forte conscience écologique, à l'image de la Norvège, exploitent l'offshore?
Pour la première phase, l'exploration, nous avons précisément demandé lors de notre rencontre avec Sonatrach, mardi 21 mai, un certain nombre de documents, tels que l'étude d'impact, les rapports MMO et MFO1 afin de les comparer à nos données obtenues auprès de notre partenaire universitaire.
Le wilcat, un forage comme celui qui est à l'origine de ce qui s'est passé en 2010 dans le golfe du Mexique, où cinq millions de barils s'étaient déversés en mer, polluant 5000 kilomètres carrés en mer et 1700 kilomètres de côtes. La Norvège que vous citez a décidé en début d'année de faire marche arrière sur le offshore, car le risque est trop grand.
Comment a réagi Sonatrach à votre mobilisation '
Mardi dernier, le 21 mai, nous avons rencontré le PDG de Sonatrach et tenu une réunion avec les cadres dirigeants de cette entreprise. L'accueil a été très chaleureux durant ce premier échange, mais ne nous y trompons pas, les discussions vont être longues et les négociations ardues. Le dossier est technique et lourd et il faut aussi tenir compte de la situation économique, géopolitique et de la position de Sonatrach dans l'économie nationale, qui n'arrive pas à s'affranchir de la dépendance des hydrocarbures.
? Endnotes
1. Chaque bateau d'exploration doit embarquer un biologiste marin spécialiste MMO et MFO, Marine mamifer observer et Marine fauna observer.
? Emir Berkane est porte-parole de Probium, le réseau algérien pour la protection de la biologie marine. Il a une formation de base de médecin, mais c'est aussi un militant écologiste infatigable, qui a prospecté le monde marin et celui de la spéléologie et ses lacs souterrains grâce à sa formation de plongeur. Il a participé à de nombreuses expéditions scientifiques marines internationales.
? Le Parc national Babor-Tababort est né
Le décret exécutif portant création du Parc national Babor-Tababort (wilayas de Setif, Béjaïa et Jijel) vient d'être publié au Journal officiel du 9 mai 2019. Le dernier né des Parcs nationaux algériens est l'aboutissement de 4 années de travail inlassable de l'équipe de l'Association pour la réflexion, l'échange et l'action pour l'environnement et le développement durable (Area-ED) en collaboration avec la direction générale des forêts, de ses structures locales, de l'université de Sétif, des éleveurs et agriculteurs locaux.
Remerciements à toutes les institutions qui nous ont fait confiance et accompagné dans cette aventure,notamment à la direction générale des forêts et à notre partenaire financier, le CEPF (www.cepf.net/fr), sans lesquels ce Parc national n'aurait pu voir le jour. Sa superficie est de 23 656 hectares avec 11 909 ha dans la wilaya de Sétif, 7478 dans celle de Béjaïa et 4269 ha dans celle de Jijel.
Le parc englobe bien entendu tout le massif du Djebel Babor qui culmine à 2001 mètres d'altitude et renferme à son sommet la dernière forêt naturelle du sapin de Numide et dans laquelle a été découverte pour la première fois en 1975 l'emblème de l'ornithologie algérienne : la Sitelle kabyle. Slim Sadki


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