La France ne s'est jamais excusée pour les actes commis par ses armées et ses colons pendant l'occupation de l'Algérie, qui a duré 132 ans. Le moment est-il venu de le faire avec la fin du règne d'un Nicolas Sarkozy qui a toujours rejeté l'« éternelle repentance »' Oui, répond cet article de Foreign Policy republié par Slate Afrique, non sans souligner la fonction qu'auraient de telles excuses dans la légitimation du régime algérien et, surtout, les réactions qu'elles susciteraient en France où l'Algérie, cinquante ans après son indépendance, demeure un « sujet passionnel ».
Alors que l'Algérie vient de donner le coup d'envoi des festivités célébrant le 50e anniversaire de son indépendance, tous les yeux sont rivés sur François Hollande, le nouveau président de l'ancienne puissance coloniale.
A Alger, neuf pays ont été conviés à la fête - y compris les Etats-Unis, qui viennent de féliciter le président Abdelaziz Bouteflika et ses trois mandats successifs pour son «rôle clé» dans la lutte internationale contre le terrorisme, et ses initiatives en faveur de la sécurité dans la région.
Le 5 juillet, à Alger, aucun représentant du gouvernement français n'était présent à la cérémonie d'ouverture des festivités, mais la France a fait savoir que son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, allait bientôt se rendre dans le pays et précéder une visite du président Hollande, à la fin de l'été.
Une page est-elle en train de se tourner dans l'histoire de ces deux pays, dont les relations post-coloniales n'ont pas été des plus apaisées'
Des excuses françaises en vue (ou pas)
Si on en croit certains, François Hollande pourrait devenir le premier président français à s'excuser formellement auprès de l'Algérie, pour plus d'un siècle de colonisation et les centaines de milliers de victimes que ses guerres coloniales ont occasionné dans le pays, entre 1830 et 1962.
A Alger, les autorités réclament depuis longtemps des excuses en bonne et due forme. Doivent-elles s'attendre à voir la normalisation des relations franco-algériennes émaner d'un dirigeant qui a passé une bonne partie de sa campagne électorale à se dépeindre en «président normal» 'pour marquer le contraste avec son prédécesseur, le frénétique Nicolas Sarkozy'
Hollande est le premier président français doté d'un état d'esprit franchement post-colonial. Il avait dix ans quand le FLN (Front de libération nationale) prit les armes et s'opposa à l'occupation française.
Son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, a peut-être un an de moins, mais il n'a pas cessé durant tout son mandat de s'inscrire en faux contre l'«éternelle repentance», pour reprendre ses termes.
Et au Parlement, les députés de son parti n'ont pas hésité à faire passer une loi soulignant le «rôle positif» du colonialisme.
Les amitiés algériennes de Hollande
Hollande, pour sa part, voit depuis longtemps l'Algérie d'un 'il amical et conciliant. Etudiant, il fut stagiaire à l'ambassade française d'Alger en 1978 et, en tant que secrétaire national du Parti Socialiste, il retourna dans la capitale algérienne, en 2006, sur invitation du FLN - arrivé au pouvoir après l'indépendance - et eut l'occasion de dialoguer longuement avec Bouteflika.
En décembre 2010, deux semaines après sa déclaration de candidature à l'élection présidentielle française, Hollande revint en Algérie, pour rencontrer, cette fois-ci, Ahmed Ben Bella, le père de l'indépendance algérienne.
Pendant toutes ses visites, Hollande fustigea sans relâche le colonialisme français qu'il voyait comme «un système inéquitable et oppresseur» devant «être condamné sans réserve».
Le 17 octobre 2011, soit le jour de son investiture comme candidat officiel du Parti socialiste, Hollande participa à une cérémonie en mémoire des victimes algériennes tombées 50 ans plus tôt, sous les coups de la police française.
Et à la fin avril, à peine une semaine avant son duel final contre Sarkozy, c'est ce moment particulier qu'il choisit pour envoyer une ancienne ministre de la Justice, née en Algérie de parents français, réitérer ses engagements en faveur d'une réconciliation générale.
Toujours est-il que, s'il veut officiellement présenter les excuses de la France à l'Algérie, François Hollande devra surmonter deux obstacles de taille.
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Posté Le : 12/07/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Jonathan Laurence Foreign Policy
Source : www.maghrebemergent.info