Algérie

Ces enfants qui travaillent à Tébessa: Un phénomène inquiétant



Ces enfants qui travaillent à Tébessa:  Un phénomène inquiétant




L’Etat doit protéger cette frange vulnérable de la société en la soustrayant à toutes les formes de violence, y compris leur exploitation par des individus sans conscience qui leur dénient même le droit à l’instruction.

Certaines entreprises en bâtiment en manque de main-d’œuvre, concernant notamment les travaux d’achèvement au niveau des chantiers, recourent souvent aux enfants.

Il faut savoir que la wilaya de Tébessa connaît ces derniers temps une profonde mutation dans plusieurs domaines, entre autres en matière de projets structurels, ce qui autorise des entrepreneurs sans scrupules à faire trimer des enfants très pauvres, et prêts par conséquent à effectuer n’importe quelle corvée pour aider leurs parents, pour un salaire de misère.

Le phénomène de l’exploitation des enfants de moins de 18 ans prend, de jour en jour, des proportions alarmantes à Tébessa. En effet, selon une association locale, qui s’est sérieusement penchée sur le sujet, ils sont plus de 500 enfants dont l’âge varie entre 13 et 17 ans, à travailler dans des chantiers de bâtiment, des champs agricoles et dans le secteur tertiaire à travers le territoire de la wilaya, et ce durant les premiers six mois de l’année écoulée.

Un chiffre jugé «exagéré» par l’inspection du travail de Tébessa.

«La lutte contre le travail des enfants est notre première préoccupation», a affirmé un responsable à l’inspection.

«Cette association aurait dû faire la part des choses entre le travail occasionnel et celui dit à temps plein ; on ne peut sanctionner le propriétaire d’une exploitation agricole qui fait travailler les membres de sa famille», a ajouté notre interlocuteur.

Pourtant, selon beaucoup, le nombre d’enfants qui travaillent est en recrudescence.

Durant la période estivale, par exemple, des enfants effectuent des petits boulots pour gagner un peu d’argent. On les trouve notamment dans les marchés ou à faire la cueillette dans les champs de pommes de terre. Ils travaillent également à leur compte, en vendant des cigarettes au bord de la route, en gardant des voitures dans les parkings illicites, ou encore en ramassant du plastique recyclable dans les décharges publiques, avec tous les dangers que cela induit pour leur santé.

A Bir El Ater, des sources fiables assurent que des collégiens sont recrutés comme guetteurs par des contrebandiers.

Cette tranche vulnérable de la société est souvent soumise à rude épreuve. Voir des enfants effectuer des tâches bien trop dures pour leur âge, est un spectacle insoutenable.

Certains sont contraints d’accepter n’importe quel labeur pour venir en aide à leurs parents ; c’est le cas par exemple de Mohamed. A peine âgé de 17 ans, il travaille avec son père maçon dans un chantier de bâtiment, au quartier Saâda, à Bir El Ater, ou encore celui de Hakim, à Saf-Saf El Ouesra, dont dépend la survie de toute une famille.

«J’ai commencé à travailler à l’âge de 13 ans, au lendemain de la mort de mon père dans un accident ; j’ai retroussé les manches et je travaille clandestinement dans une sablière appartenant à un proche depuis plus de 5 ans déjà pour mes deux frères scolarisés et ma mère», a-t-il déclaré.

Privés d’instruction, ces jeunes garçons obéissent à leurs employeurs contre un salaire journalier indécent. Ils sont exposés à tous les dangers, notamment à ceux des produits chimiques.

Ahmed, aujourd’hui âgé de 22 ans, a longtemps été manutentionnaire chez un revendeur de ciment. Depuis, il souffre d’un asthme aigu dû à l’inhalation de poudre de ciment.

«Je déchargeais plus de 400 sacs de ciment par jour, parfois plus, pour 500 DA la journée, et du coup je suis devenu asthmatique», nous dit-il.

Et le jeune Hakim qui est atteint d’une grave maladie de peau à cause d’un pesticide! Nécessité oblige, il continue pourtant à travailler.

Rencontré dans un champ d’exploitation de pomme de terre à El Ma Labiod, il nous explique son cas: «J’épandais des engrais à main nue quand des lésions rougeâtres sont apparues sur ma peau.»

En dépit du fait que l’inspection de travail de Tébessa ait élaboré un programme d’action impliquant toutes les institutions concernées par ce problème, comme l’éducation et la formation professionnelle, pour mettre un terme à ce grave problème, en effectuant notamment des visites au niveau de108 chantiers à travers le territoire de la wilaya, l’exploitation des enfants par des employeurs sans conscience, et contre un misérable pécule journalier, continue de porter atteinte à cette frange fragile de la société.

Lakehal samir



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