Algérie

Ces dinosaures qui nous dirigent !



Ces dinosaures qui nous dirigent !
L'Afrique semble frappée d'une malédiction qui fait que sa génération montante [son élite] soit marginalisée, interdite de politique au moment où des octogénaires, voire des nonagénaires, s'accrochent au pouvoir, excluant ainsi la régénération normale de la classe dirigeante africaine. C'est l'affermissement de la bonne gouvernance qui est ainsi remis en cause. La démocratisation qui a soufflé sur l'Afrique - à la fin des années 1980 et le début des années 1990 ? a de fait été remise en question, quand, à l'approche des fins de leurs mandats, des dirigeants africains se sont évertués à contourner les limitations des missions à la tête de l'Etat. D'aucuns espéraient que les mandats qui s'achevaient [nombre de dirigeants avaient derrière eux au moins 20 ans de pouvoir] seraient les derniers d'une classe politique qui a fait son temps. C'était sans compter avec des hommes qui avaient plus d'un tour dans leurs sacs qui, loin d'abdiquer, ont cherché à esquiver le handicap des limites inscrites dans les Constitutions. Et chacun voulait dans « son Etat » s'assurer la présidence à vie. C'est ainsi que l'on a pu noter un bizarre retour de manivelle avec l'arrivée d'une sorte de « printemps des dinosaures », quand de vieux dirigeants qui, plutôt que d'aller [enfin] se reposer, (nombreux d'entre eux perclus de maladies) choisirent de rester et de conforter leur pouvoir. L'exemple le plus avéré est celui du président Mugabe. Le président du Zimbabwe, Robert Mugabe, résumant l'opinion générale de ses pairs, assura (en 2015, alors qu'il assumait la présidence tournante de l'Union africaine) : «Je serai là jusqu'au moment où Dieu me dira ?Viens!?. Tant que je serai en vie, je vais diriger ce pays!» Les dirigeants africains qui l'ont chaudement applaudi ont apprécié. Il eut, certes, le mérite de dire haut, ce que ses pairs souhaitaient tout bas, mais n'en font pas moins pour que cet espoir de « perpétuité » devienne une réalité. Mugabe (93 ans) dirige le Zimbabwe depuis 1980. De fait, les Zimbabwéens n'ont connu que lui comme dirigeant depuis l'indépendance. Aussi, c'est dans ce contexte qu'il y eut en Afrique [du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, en passant par le Centre] une remise en cause massive des Constitutions locales qui empêchaient (justement) la présidence à vie. Depuis le début de l'année, lors des quatre derniers mois, des scrutins présidentiels ont été organisés, lors desquels des dirigeants aux affaires de leurs pays depuis des lustres, se sont encore fait « réélire ». Enumérer tous les dirigeants qui ont ainsi « rempilé » (dont le moins nanti a au moins 25 ans de pouvoir) serait fastidieux. Notons simplement que ce dimanche, un chef d'Etat [Teodoro Obiang Nguema Mbasogo] qui dirige son pays (la Guinée équatoriale) depuis 37 ans briguait un énième mandat, que sûrement il va enlever haut la main. Parmi les pays concernés, le Bénin reste, jusqu'ici, l'exception qui confirme la règle, le président Thomas Boni Yayi ayant passé la main à la fin de son second mandat. Notons que la seule fois où une alternance a pu s'effectuer, c'est quand le scrutin s'est déroulé à la régulière, qui a vu le tenant du pouvoir battu. C'était au Congo. Depuis, Denis Sassou Nguesso, qui cumule 32 ans au pouvoir, s'est fait réélire le 20 mars dernier après avoir supprimé l'obstacle de la limitation de mandats. Tous ces dirigeants affirment uniment qu'en restant au pouvoir ils se « sacrifient » pour le «bien» de leurs pays perspectifs. Ce qu'ils omettent de dire est que tous sont des milliardaires en dollars américains (selon des statistiques sur les fortunes des chefs d'Etat dans le monde). Dans le même temps, leurs peuples souffrent de la pauvreté, des maladies et du sous-développement. C'est dans les pays dirigés par des « présidents à vie » que les indices de développement humain (IDH) sont les plus bas. Une coïncidence' A tout le moins malheureuse! Or, ce sont ces chefs d'Etat perpétuels qui, au sein du Nepad [Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique] décident de la « bonne gouvernance » du continent africain.




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