Ces combattants oubliés par l’histoire

Qui se souvient de la Moudjahida Chellali Khadidja, dite «Ghanoudja» ? Combien sont les Chouhada que l’oubli a engloutis sous son poids, des noms qui ont servi la patrie en se donnant corps et âme à une cause juste pour que vive l’Algérie libre et indépendante. A l’occasion de la commémoration de la journée du Martyr, «Youm El-Chahid», nous avons trouvé opportun de rendre hommage à ces «Chouhada» tombés au champ d’honneur, méconnus par l’histoire pour diverses raisons. La plus importante de ces raisons est sans doute l’écriture de l’histoire algérienne qui exige une réécriture pour restituer à chacun son droit. Une reconnaissance qui se traduira juste par la baptisation d’une école à leur nom pour faire barrage à l’oubli et à l’indifférence. L’ouest algérien, comme toute région du pays, a eu sa part du lion. Des centaines de martyrs sont restés malheureusement méconnus. Parmi ces martyrs, la Moudjahida Chellali Khadidja, connue sous l’appellation de guerre «Ghanoudja», qui avait vu le jour un 8 juin 1938 à Oujda (Maroc) où elle avait poursuivi ses études au lycée de jeune fille de la dite ville. Après la grève des étudiants, le 19 mai 1956, elle se porta volontaire pour rejoindre les rangs de l’armée de libération nationale (ALN) comme toutes ses camarades. Après une formation politico-militaire dans les bases arrières du front, elle rejoignit le maquis en mars 1957 en qualité de contrôleur de la zone V de la wilaya V. Chellali Khadidja s’était distinguée par son courage et son dévouement pour la cause nationale, elle tomba au champ d’honneur lors d’un accrochage avec les forces ennemies qui avaient encerclé le poste de commandement de la zone V, une bataille qui avait duré de 8 heures du matin à 14 heures de l’après midi dans la région de Sidi Bel-Abbés, dans le lieu dit «Djebel Guediret», à 30km au sud de Sfisef, à Oued Sefioun le 28 juin 1957. «Ghanoudja» a combattu avec bravoure au côté du commandant Ferradj, l’adjudant Bekhadda et d’autres Moudjahidine blessés. Chellali Khadidja a eu le courage et l’intelligence de brûler tous les documents qui étaient sur elle, de jeter ensuite son arme, un Mat 49 dans un puits, ensuite dégoupiller une grenade en criant «vive l’Algérie» avant de rendre l’âme, alors qu’elle n’avait que 18 ans. Aux côtés de «Ghanoudja», cinq Moudjahidine avaient trouvé la mort dans cette guerre inégale. Côté ennemi, les pertes furent considérables et l’armée française perdra 27 soldats et 39 seront blessés, dont cinq grièvement. Chellali Khadidja «Ghanoudja» fut oubliée comme tant d’autres. Une reconnaissance serait bienvenue quand on sait qu’il y a tant de rues, d’écoles de cités à Oran qui n’ont pas de nom. Il serait encore temps de les baptiser du nom de ces glorieux Chouhada oubliés de l’histoire, mais toujours vivants dans le cœur de ceux qui les ont côtoyés. Boukhallat Nadia