Si pour le commun des mortels prendre en charge l'enterrement d'un parent relève du parcours du combattant, il n'en demeure pas moins que la réalité du terrain a démontré que cela pouvait être contourné et les longues démarches administratives réduites à quelques coups de pioche dans un terrain vague. En effet, prenant un raccourci par Aïn Nehas pour rallier la commune de Ibn Ziad relevant de la daïra d'El-Khroub, nous avons été accrochés par l'image d'un petit cimetière sur un terrain vague d'environ un demi-hectare, sans clôture ni gardien et où se trouvaient 6 ou 7 tombes. Le spectacle en lui-même n'en valait pas le détour si les sépultures en question répondaient aux critères administratifs en vigueur régissant les cimetières dans le chef-lieu de commune. Notre curiosité grandissante demandait des éclaircissements et nous dictait le besoin d'approcher les résidents de Aïn Nehas afin de nous enquérir de la situation. «Nous enterrons nos morts sur ce terrain choisi par la communauté et cela depuis des années», nous déclare un vieux du village. S'agissant de la procédure suivie auprès des services de l'APC, notre interlocuteur avoue «elle est la même que pour les autres cimetières gérés par l'APC à la différence qu'il s'agit de notre cimetière et sur notre terre. Nous déclarons que nous avons un décès, un certificat de décès à l'appui, aussitôt un permis d'inhumer nous est délivré pour enterrer dans le cimetière relevant de notre commune.» Autrement dit et à l'image de ce que nous venons d'apprendre, n'importe qui peut enterrer un mort n'importe où ? Alors à quoi servent toutes les tracasseries administratives imposées aux citoyens désireux d'inhumer un parent dans les cimetières certifiés et reconnus par les services de l'APC ? Poussant plus loin nos investigations, il s'avérera, et selon des sources concordantes, qu'il existe une trentaine de cimetières érigés sur un terrain vague et n'ayant jamais figuré sur un PV ni fait l'objet d'enquête foncière encore moins d'étude technique. Il est vrai que beaucoup existaient avant la colonisation à l'image du cimetière situé sur l'axe routier Constantine-Sétif créé en 1896 ou celui de Djebbas datant de l'époque des Beys ou encore celui de Djebel Ouahch (1925), chose aisément explicable, les services de l'APC étaient quasi inexistants à l'époque. Mais ce qui surprend, c'est que cette pratique s'est perpétuée dans un silence de morts. Aujourd'hui dans des cimetières sauvages qui fleurissent un peu partout dans les contours de la commune, faisant fi de toutes les lois en vigueur n'importe qui peu enterrer n'importe où, à Boussebaa, Djebbas, Djamaa El-Torcha, Chaab Erssas, Salah Bey, sur la route de Tafrena ou Aouinet El-Foul. Les services de l'APC déclarent que nul ne peut bénéficier d'un permis d'inhumer s'il ne fait pas acte d'un certificat de décès et ne spécifie pas dans sa demande le lieu de l'enterrement. A l'évidence, cela semble logique si ce n'est que les personnes interrogées à Salah Bey, Tafrena ou Djamaa Etorcha avouent tous faire de fausses déclarations à l'APC sur le lieu de l'enterrement. «Nous ne sommes pas obligés de creuser la tombe dans le cimetière de l'APC si nous avons notre propre cimetière», avoue un père de famille. Confirmation faite par un agent de l'APC qui a recensé trois cas de figure, soit les parents déclarent, à titre d'exemple, vouloir enterrer au cimetière de Djebel El-Ouahch géré par l'APC et lui préfèrent le cimetière familial situé sur la commune et aménagé sur leur terrain variant entre 1/2 ha et 4 ha, soit, et c'est le cas, des personnes respectueuses des lois, qui inhument leurs morts dans les cimetières recensés en tant que tels, ou alors, et c'est là où le bât blesse, les parents enterrent sur les terres familiales sans déclaration de décès. Dans tout ce méli-mélo que dit la réglementation. Questionné à ce sujet, un cadre de l'APC nous informe que pour la création d'un cimetière, la procédure obéit à un certain nombre de règles, entre autres il faut que l'assiette choisie relève du domaine de la commune. A ce titre, il faut identifier le propriétaire du terrain et déclencher une enquête foncière pour déterminer si le lot est domanial, communal ou privé. Suite à quoi un PV est dressé par la commission chargée du dossier et présidée par le maire. Le terrain peut être acheté ou cédé gracieusement dans le cadre du transfert de propriété. La phase technique, poursuit notre interlocuteur, délimitera le terrain, qui ne doit pas être isolé, par une clôture et vérifier qu'aucun puits n'existe sur l'assiette à moins de 30 m, ce qui évitera la pollution de l'eau par la décomposition des corps, précisant que si la vie des vivants est organisée, il faut veiller à en faire de même pour les morts. De ce fait, le cimetière doit être urbanisé, les tombes doivent avoir une adresse permettant de localiser les morts et géographiquement découpé par carrés répondant aux critères enfants, adultes, martyrs, etc.
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Posté Le : 24/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : T Djamel
Source : www.lequotidien-oran.com