Ces choses qui... marchent !

Il y a beaucoup ? trop ' ?de choses simples qui ne fonctionnent pas dans notre beau et grand pays. Tellement simples que sous des cieux plus cléments et éclairés, elles relèvent depuis longtemps d'un autre siècle. En exagérant à peine, on pourrait dire d'une... autre ère géologique. Prenez par exemple le règlement par chèque des transactions commerciales. Ailleurs, on ne se rappelle plus depuis quand il existe. Pour plusieurs générations, c'est tellement vieux qu'on a l'impression qu'il en a toujours été ainsi. Il est même en déclin, voire en voie de disparition. Pour l'essentiel des transactions des pays développés, le chèque est déjà un anachronisme. On est passé à autre chose... et pas une seule fois ! Ici, c'est encore une vue de l'esprit. Sortez votre chéquier pour régler un achat, même quand il se décline en millions de dinars, même au sein d'entreprises qui affichent tous les apparats de sociétés modernes, au diapason de toutes les technologies, adaptées à toutes les innovations et disposées à accueillir toutes inventions :on vous prendra pour un dingue. Dans le meilleur des cas, on vous demandera de quelle planète vous débarquez. Dans le pire on... appellera la police parce qu'à ce niveau d'audace - ou de candeur, allez savoir - vous ne pouvez pas être au-dessus de tout soupçon ! Dans ces conditions d'un pays loin de son siècle donc, le scepticisme est toujours de mise quand on vient vous annoncer un service, autrement plus innovant, plus récent et forcément plus compliqué pour les « non branchés ». Il y a une vieille logique, elle peut être dépassée mais pas pour tout le monde. Dans un pays où on ne peut pas donner un chèque sans être en plein dans le delirium tremens, on ne peut pas croire, sans écarquiller les yeux et secouer les oreilles en apprenant que vous pouvez régler vos factures par carte bancaire. Dans un pays où on ne peut pas héler normalement un taxi sur une grande avenue de la capitale, apprendre qu'on peut en avoir un avec une application internet, c'est difficile à gober. Dans un pays où il est quasiment impossible d'acheter une bouteille de vin en magasin en dehors de la Kabylie, c'est normal de tomber des nues quand vous découvrez que vous pouvez vous faire livrer tous les alcools que vous souhaitez à domicile ! Dans un pays où les noms de rues ne servent à rien parce que personne ne les connaît depuis qu'on les a changés, où les indications sont inexistantes ou affolantes, où les numéros pairs et impairs se mélangent, où on peut lire « derrière la mairie » comme repère, se rendre compte que le GPS... fonctionne a de quoi faire une syncope ! On pourrait continuer mais il vaut peut-être mieux arrêter, pour plein de raisons, dont la plus importante est que ce n'est pas vraiment bon signe.S. L.