Algérie

Ces bâtisses chargées de mémoire et de douleurs



Ces bâtisses chargées de mémoire et de douleurs

La question qui a obsédé les Algériens au lendemain de l'indépendance a été la suivante : que faire, entre autres, de ces gigantesques forts qui ont servi à l'armée coloniale non pas seulement pour conquérir le territoire, mais, surtout, pour assujettir, par la force et la déculturation, un peuple désarmé ' Laisser mourir ces vestiges témoignant de la souffrance endurée plus d'un siècle et demi par le peuple, ou plutôt les conserver et en faire des objets de mémoire qui serviront à la perpétuation de la résistance héroïque qui a conduit à la libération du pays ' « Nous avons, au niveau du parc du Tassili, entrepris plusieurs actions visant à protéger ces forts. Il nous a fallu du temps pour convaincre les autorités locales de la nécessité de mettre au point un statut de conservation », rappelle M. Kerzabi qui a milité, dès les premières heures de l'indépendance, pour la sauvegarde et la mise en valeur de ces hauts lieux chargés d'histoire et de mémoire. Il met, à cet effet, en avant quelques exemples pilotes telle que la transformation du Fort Bordj el Haoues (ex-Gardel) en petit musée au profit et de la mémoire et de l'écriture de l'histoire. Pour le fondateur du parc classé patrimoine universel par l'Unesco en 1982 (aujourd'hui Office du parc national du Tassili), la construction des forteresses s'inscrivait en droite ligne de la stratégie de pénétration coloniale qui avait pour souci le contrôle du territoire, des frontières et la surveillance des mouvements de la population locale. « C'est faux de dire que l'armée française était en guerre contre la résistance dans le but de justifier le recours à ces bâtiments. Il s'agit, tout simplement, d'une agression contre des tribus résistantes qui n'avaient pas l'égalité militaire », a-t-il souligné avec force. Parmi les quelque trois cents forts échafaudés à travers le pays, et dont sept dans la région du Tassili d'Azjjer, il cite, à titre d'exemple, le fort Polignac d'Illizi (1910) qui abritait cent vingt soldats et officiers français, le fort de Charlet qui surplombait, du haut d'un vaste plateau, tous les quartiers de la ville de Djanet (El-Mihan, Azelouaz...), le fort de Tin Alkoum à la frontière libyenne... L'universitaire français est revenu, lui, dans un long et rigoureux exposé, sur l'histoire de ces constructions depuis l'antiquité. Ce sont les Romains, nous apprend-il, qui installèrent, durant les troisième et quatrième siècles après J-C, les premiers forts en Afrique du Nord et dont certains sont, à ce jour, assez bien conservés. Les Ottomans ont fait autant des siècles après avec l'élévation de célèbres bordjs, tel que Bordj el-Kiffan (XVIe siècle), Bordj Agha (1725) ou le fort de Biskra (1793), ksar de Meniaâ (ex-Goléa), le fort de Badjouda à In Salah et bien d'autres bâtisses avec lesquelles les nouveaux maîtres de la terre maghrébine cherchaient à étendre leur pouvoir. Sitôt débarquée et lancée dans une colonisation, l'une des plus meurtrières dans l'histoire de l'humanité, l'armée coloniale française a non seulement occupé ces forteresses, mais a entrepris de couvrir l'ensemble du territoire du Grand Sud. Selon le conférencier, les premiers fors français ont vu le jour à partir de 1892 et jusqu'en 1896, (fort de Ghardaïa, ceux disséminés dans les régions du Touat et du Gourara...) ils avaient une vocation offensive contrairement à ceux qui les suivirent (1899-1905) qui servaient comme point de départ à des opérations militaires contre la résistance populaire.




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