Algérie

Ces Algériens qui restent mobilisés



Installées depuis quelques jours, les fortes chaleurs n'ont pas empêché les Algériens d'autres wilayas du pays de rallier la capitale afin de prendre part à la «rituelle» marche du vendredi. Hier encore, ils étaient des centaines à faire le déplacement pour rejoindre Alger et à défier les nombreux barrages sécuritaires installés autour de la capitale.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Vendredi 5 juillet 2019, 20e manifestation du peuple algérien revendiquant le départ du système politique en place. Il est presque 14h. La marche s'annonce sous un soleil de plomb et une chaleur étouffante. Pourtant, les manifestants sont au rendez-vous depuis plusieurs heures. Le jardin Khemisti, qui fait face à l'emblématique Grande-Poste, est noir de monde. Des jeunes, des moins jeunes, des femmes, des enfants et des familles entières, tout le monde trouve refuge à l'ombre des quelques arbres du jardin.
Sofiane et sa famille, qui viennent de Tizi-Ouzou, ne dérogent pas à la règle. Assis sur le bord du trottoir du jardin, le trentenaire, sa mère, sa s?ur et ses deux frères profitent pleinement de l'ombre de l'un des arbres. «Nous attendons l'arrivée de mon père avant de rejoindre la marche. Il est parti faire la prière du vendredi à la mosquée de la place des Martyrs», explique Sofiane.
Pour sa 11e marche hebdomadaire à Alger, ce technicien d'ascenseurs dans une entreprise privée tente de justifier ses «absences».
«Pour les autres marches, j'ai été retenu par le travail», argue-t-il innocemment avant d'ajouter : «Ma mère et mon père, eux par contre, ont participé à toutes les marches depuis le début du mouvement de protestation.»
Une déclaration que sa mère Sekoura confirme. «Nous en sommes à notre 17e marche à Alger après avoir participé aux trois premières marches à Tizi-Ouzou. Chaque vendredi, nous venons le matin, nous déjeunons ici à Alger avant que mon mari et moi allons faire la prière à Djamaâ El Kebir puis retrouver nos enfants ici à la Grande-Poste et rejoindre ensuite la marche», détaille-t-elle.
Pour elle, il est question de l'avenir du pays. «Nous marchons tous les vendredis pour demander le départ de ce système politique qui sévit depuis des années. L'Algérie compte des hommes instruits, compétents, honnêtes et propres pour mener le pays», dit-elle avant de poursuivre : «Nous marchons pour que notre pays retrouve une vraie indépendance après tous les sacrifices de nos martyrs tombés durant la guerre de Libération. C'est une marche pour notre terre, notre patrie.»
Quant à l'interdiction du drapeau amazigh, cette mère de famille prend cette décision avec beaucoup de sagesse. «Nous ne portons plus le drapeau amazigh depuis maintenant trois semaines. L'emblème national est notre drapeau à tous, à tous les Algériens, et le drapeau amazigh reste notre identité mais nous voulons aussi la paix», dit-elle.Selon elle, porter les robes kabyles traditionnelles et se parer des foulards et foutas kabyles restent l'autre alternative pour montrer l'attachement à son identité amazighe.
Agé de 18 ans, Badreddine, lui, vient d'un peu plus loin. C'est à bord d'un autobus qu'il est arrivé ce matin de Bou Saâda dans la wilaya de M'sila. «J'ai pris le bus à 8h et je suis arrivé à Alger vers midi», précise-t-il.
Ayant participé aux manifestations du vendredi à Bou Saâda et à Bouira, ce jeune a opté pour Alger à l'occasion de l'anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie. Pour sa première «manif» dans la capitale, Badreddine qui préfère marcher en solo, ne tarde pas à intégrer la masse humaine qui sillonne les différentes rues d'Alger. «Je suis venu marcher pour le pays, pour que ces gens aux pouvoir partent», dit-il.
Oussama et Farouk arrivent, eux, droit de Béni Ouertilène dans la wilaya de Sétif. Fier d'être à sa 20e marche consécutive depuis le 22 février dernier, Oussama affirme qu'il marchera tous les vendredis jusqu'à «l'indépendance du pays».
Pour ce jeune de 22 ans, l'interdiction du drapeau amazigh est une «pure provocation». «En menaçant les porteurs de ce drapeau, on veut diviser le peuple. Les Kabyles ont toujours été dans l'opposition. Le drapeau amazigh a toujours existé et il restera aujourd'hui comme demain», dit-il.
Quant à Farouk, qui en est à sa 9e marche à Alger, il ne manque pas de rappeler qu'il a été intercepté durant l'une des marches du mois de Ramadhan dès son arrivée à la gare routière du Caroubier à Alger, avant d'être embarqué pour le commissariat de Draria.
«Au départ, la police était de notre côté. Aujourd'hui, elle s'est penchée du côté de Gaïd. Les policiers ont changé de visage», déplore-t-il.
Ry. N.


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