Algérie

Ces agglomérations interdites de culture



Ces agglomérations interdites de culture
Samir Ould AliPour des dizaines de petites localités de la wilaya d'Oran, la notion de culture se limite essentiellement à l'existence d'une maison de jeunes ou d'un centre culturel. Et même si lesdits établissements ne fonctionnent qu'à moitié (ou pas du tout) - en raison notamment de l'absence de moyens matériels et du manque de ressources humaines qualifiées- les autorités locales considèrent que «c'est déjà bien !», l'urgence étant ailleurs : dans la construction de logements, la réalisation de structures de santé ou de nouveaux établissements scolaires, dans une tentative de rattraper l'énorme retard accumulé, pour certains secteurs, depuis 30 ans. Du coup, l'essentiel des projets contenus dans les programmesquinquennaux des 26 communes -et les plus gros budgets dégagés- sont consacrés aux secteurs de l'habitat, la santé, l'éducation et l'aménagement urbain. Ceux-là mêmes dont les défaillances ont, par le passé, provoqué de violentes manifestations de colère des populations. L'indigence culturelle n'ayant jamais constitué un motif de mécontentement appuyé auprès des masses, les pouvoirs publics n'ont pas donc estimé utile d'inscrire la culture comme priorité. Ni de convier les médias lors de la réception d'une bibliothèque comme on les convoquerait pour rendre compte de la réception d'un centre médical ou un CEM. Résultat immédiat : les jeunes des petites localités, particulièrement les férus de culture, n'ont d'autre choix que de se rendre dans le cybercafé du coin pour écouter un peu de musique ou prendre le bus pour aller vers les chefs-lieux de daïras ou les grands centres urbains.A Haï Nedjma, par exemple, plus connue sous le nom de Chteïbo, localité située à quelques pas de l'aéroport international Ahmed-Benbella et à six kilomètres d'Oran-ville, la vie culturelle est quasi-inexistante. Ses habitants, dont le nombre est estimé à un peu plus de 50 000 âmes, n'ont accès aux activités culturelles qu'à travers l'unique centre culturel, les plus passionnés devant se rendre dans la daïra de Sénia, un peu mieux lotie en raison de la présence du pôle universitaire, ou carrément à Oran pour pouvoir s'adonner à quelque activité culturelle. Et au cours d'une visite qu'il y a effectuée à la fin de l'année dernière, le wali d'Oran s'est enquis de l'état d'avancement de projets liés aux secteurs de l'habitat, la santé et l'enseignement supérieur. Hormis la construction d'une bibliothèque universitaire, aucun projet à caractère culturel n'était au menu de la visite qui l'a conduit aux trois communes dépendant de Sénia. «Pour l'instant, l'attention semble être portée aux secteurs névralgiques où le retard est énorme. Après, on pourra peut-être parler de culture», estime un commerçant de Haï Nedjma, le doigt pointé vers le boulevard en travauxd'El Mouala, rendu fangeux et impraticable par les pluies du début de semaine. Un boulevard bordé de toutes sortes de commerces, exception faite des librairies ou de quelque infrastructure culturelle. L'exemple de Chteïbo peut être généralisé à l'ensemble des petites localités de la wilaya où, s'ils sont en cours depuis quelques années, les travaux ne concernent que très rarement le secteur de la culture.On aurait pu croire que la direction de la culture ait imaginé un systèmepour porter la culture vers les Algériens à travers des semaines culturelles,des projections cinémas ou des pièces de théâtre, il n'en est rien. Aucunemanifestation du genre n'a été organisée et les petites localités ne sont même pas «intégrées» lors des manifestations culturelles «d'envergure» organisées chaque été par la wilaya d'Oran. D'ailleurs, on le rappelle, même le projet d'amener un peu de cinéma aux localités déshéritées à travers le projet ciné-bus que le Festival international du film arabe a porté en son sein, a été abandonné.Pour les petites localités, l'heure de la culture n'a pas encore sonnéS. O. A.




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