Cervantès n'est pas un inconnu en Algérie

Un quartier à Belcourt porte son nom et malgré sa débaptisation, on y tient encore. C'est sur les hauteurs de ce quartier qu'existe la fameuse grotte où il séjourné. Nichée dans un creux de la falaise qui domine la plage de la baie d'Alger, elle a été restaurée et aménagée grâce au mécénat de la société Espagnol Repsol. Elle compte parmi les attractions historiques et naturelles de la capitale. Miguel de Cervantès a passé cinq ans à Alger, après avoir été capturé le 26 septembre 1575 alors qu'il était de retour vers l'Espagne à bord de la galère Sol. Une flottille turque le fit prisonnier avec son frère Rodrigo. Ramenés à Alger où il demeura captif pendant cinq ans, il fut réduit à la condition d'esclave. Le fait de trouver en sa possession des lettres de recommandations de notables fit penser à ses geôliers qu'il était important et être échangé contre une bonne rançon. Le prix de sa libération fut alors fixé à cinq cent écus d'or. Cervantès a tenté de s'enfuir. Au cours de sa seconde tentative, il devait avec ses compagnons se cacher dans la grotte en attente d'une galère espagnole venue pour les délivrer. Peine perdue, elle fut prise par les gardes du dey Hassan Pacha. Découvert, Cervantès fut alors mis sous surveillance. De retour dans son pays après le rachat de sa liberté en 1580, il se consacrera à l'écriture jusqu'à sa mort en 1616. Si l'expression « combat de Don Quichotte » est très en vogue dans les milieux politiques, l'auteur, qui a donné naissance à ce héros fantasque, n'a pas laissé indifférents les auteurs algériens. Wassiny Laaradj a toujours avoué sa passion pour le personnage. Outre « Les milles et une nuits », il a avoué maintes fois sa dette pour les textes de l'écrivain médiéval. Il est l'auteur d'un essai sur son parcours. Le personnage principal de « La gardienne des ombres », Sayidat El Maqam suit aussi les traces de son aïeul qui n'est autre que Cervantès. « La Maison andalouse » évoque également ses liens avec le passé andalou. « Je reviens constamment sur cette période car elle représente pour moi une sorte d'âge d'or où l'acceptation de l'autre et une vision plurielle du monde n'étaient pas encore bannies, et parce qu'elle porte en elle les germes d'un autre renouveau possible » a-t-il confié récemment dans une interview au journal libanais l'Orient le Jour. Younil, dans « L'?il du chacal », a pris Cervantès comme personnage.Le centre culturel espagnol d'Alger qui porte comme partout dans le monde le nom de Cervantès va organiser cette année en collaboration avec l'APC de Belouizdad de nombreuses manifestations durant le mois d'avril. Les adultes et le jeune public pourront profiter de visites guidées, de conférences et d'un programme d'activités dans la grotte de Cervantès. Un programme qui permettra de sa familiariser davantage avec cette figure dont l'?uvre et l'impact ont traversé les siècles.