Algérie

Céréales Le gouvernement ferme le robinet des subventions directes



L'Etat ne subventionnera plus directement les agriculteurs céréaliers, mais achètera le blé local aux prix proches de ceux des marchés internationaux. « Le gouvernement achètera le blé produit localement à des prix proches de ceux appliqués sur les marchés internationaux », a annoncé le ministre de l'Agriculture Saïd Barkat, samedi, au Forum de l'ENTV. Il a précisé que cette mesure sera assortie d'une levée de la subvention accordée d'avance aux paysans concernés. « Dans le passé, l'Etat accordait des subventions aux paysans qui, en contrepartie, vendaient leur blé à 250 dollars le quintal », a expliqué le ministre. A présent, le quintal de blé a dépassé 800 dollars sur le marché mondial. Le gouvernement veut ainsi mettre fin à la spéculation qui affecte le blé local : certains agriculteurs ne vendent pas leurs récoltes à l'Etat et préfèrent la céder aux minoteries privées. Résultat : le prix de la farine et de la semoule ont augmenté, malgré les subventions de l'Etat de l'ordre de 1.5 milliard d'euros par an pour ces deux produits de grande consommation. En clair : les agriculteurs empochent les subventions de l'Etat, mais vendent leur blé au prix du marché. Du coup, le consommateur final ne profite pas des aides de l'Etat. La nouvelle méthode gouvernementale de subventionner indirectement le blé va sans doute profiter aux consommateurs et aux agriculteurs qui pourront produire avec des coûts locaux et vendre aux prix des marchés internationaux. Le nouveau système va mettre fin à la spéculation et à la bureaucratie qui entourent la distribution des aides étatiques aux paysans. Certains agriculteurs se plaignent en effet des difficultés d'accès aux aides de l'Etat et à leurs insuffisances par rapport aux coûts de production de plus en plus élevés. Les besoins de l'Algérie en céréales sont estimés à 60 millions de quintaux annuellement, dont un taux considérable de blé, selon M. Barkat. Les quantités de céréales produites localement sont estimées à 41 millions de quintaux par an, a-t-il indiqué. « La production locale de blé couvre seulement 50 % des besoins nationaux en la matière », a ajouté le ministre. Par ailleurs, Barkat est revenu sur l'affaire de la pomme de terre canadienne. « Les quantités importées du Canada étaient propres à la consommation à leur arrivée au port d'Alger mais leur stockage à des fins spéculatives a provoqué leur détérioration », a soutenu le ministre. Il a rappelé que l'exonération des importations de pomme de terre de la TVA est « une mesure provisoire ». But : faire face à la rareté de ce produit et à la hausse de ses prix sur les marchés locaux, a expliqué M. Barkat. Sur la production de la datte, le ministre a dit que les dernières années, près de 1,7 million palmiers (Deglet Nour) ont été plantés et sont déjà au stade de production. Pour les agrumes, dont les prix se sont envolés cette année, Barkat a affirmé : « le verger national consacré à ces fruits remonte à l'ère coloniale et n'a jamais été renouvelé d'où le recul de la production ». « Jusqu'en 2007, a expliqué le ministre, seuls 60.000 hectares sur une superficie globale de 360.000 hectares réservés aux agrumes ont été renouvelés ». Les difficultés rencontrées par les paysans pour acquérir les engrais sont dues à des considérations sécuritaires, a expliqué M. Barkat. « Les autorités essayent de trouver une solution pour assurer l'acheminement des engrais dans les meilleurs délais », a conclu le ministre. En 2007, le secteur agricole a enregistré un taux de croissance de 6.4 % et sa contribution au PIB est de 10.8 %, a révélé le ministre. La valeur de la production agricole dans la même année est estimée à 664 milliards de dinars (soit 9,2 milliards USD), selon le ministre. Il a précisé qu'elle représente le double de ce qu'a accordé l'Etat au secteur durant sept années. La subvention accordée au secteur agricole en Algérie représente 7 % du produit contre 42 % dans les pays de l'Union européenne et 60 % en Suisse par exemple, soulignera le responsable du secteur. Le ministre n'a pas expliqué les raisons de la faiblesse des subventions accordées à l'agriculture. Mais en subventionnant des produits importés, l'Algérie octroie des aides indirectes aux agriculteurs européens d'où proviennent la majorité des produits alimentaires disponibles sur le marché national. Près de 1,15 million de personnes exercent les activités agricoles et 24 000 autres activent dans les domaines liés aux services agricoles comme la collecte de lait frais, selon des chiffres avancés par le ministre.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)