Algérie

Céréales : Fin du bras de fer OAIC-transformateurs



La guerre de tranchées que s'étaient livrée ces deux derniers mois la direction de l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et les transformateurs et meuniers semble oubliée.

 La direction générale de l'OAIC a indiqué, hier mardi, que la quasi-totalité des transformateurs des céréales ont repris leurs enlèvements de blé dur auprès de l'Office, après une suspension de plusieurs mois. Selon le directeur général de l'Office, M. Noureddine Kehal, ‘'90% des transformateurs ont repris leurs enlèvements de blé dur chez l'Office». Sur les 147 industriels-clients de l'OAIC, une dizaine seulement ne s'y est toujours pas approvisionnée, précise-t-il.

 Le bras de fer entre les deux parties était né lorsque les prix des céréales sur le marché international avaient chuté à leurs plus bas niveaux au 1er trimestre 2010. Une situation de marché favorable à des achats massifs, avec beaucoup de spéculation et d'anticipation de la part des transformateurs algériens qui se sont approvisionnés à des prix plus compétitifs que ceux pratiqués par l'OAIC. La tonne de blé dur était passée, début 2010, à 250 dollars sur les marchés mondiaux, alors qu'elle était de plus de 1.000 dollars en 2009.

 La marge est donc très importante, d'où cette ruée massive des meuniers auprès des marchés extérieurs. La convention liant l'OAIC aux transformateurs oblige ces derniers à s'approvisionner mensuellement auprès de l'Office à raison de 50% de leur capacité de trituration, et ce, à un prix administré de 2.280 DA/q pour le blé dur et de 1.285 DA/q pour le blé tendre.

 Sur les 117 transformateurs conventionnés avec l'OAIC, un peu plus de 26 transformateurs avaient pris leurs quotas habituels en blé dur vers la fin mars dernier. Fatalement, l'Office est prix à la gorge : il rachète aux céréaliculteurs la totalité de leur production et s'est donc retrouvé avec un peu plus de 9 millions de quintaux sur les bras, après une production 2009 record qui avait dépassé les 63 millions de quintaux, toutes céréales confondues. Comment faire donc avec ce surplus de blé dur pour l'OAIC, très demandé par les meuniers qui en font du couscous, des pâtes alimentaires ou des lasagnes? D'autant que la production de la campagne 2010 sera bonne, selon M. Kehal.

 Par les chiffres, les ventes de l'Office étaient passées de 1,7 million de quintaux par mois à moins de 600.000 q depuis le mois d'octobre 2009. Et puis, grand coup de gueule de l'OAIC, étouffé, de ne plus servir les transformateurs qui refusent de prendre leur quota fixé à près de 50% de leurs besoins. Les stocks de blé dur de l'OAIC étaient estimés à près de 6 millions de quintaux, soit près de 66% de la totalité de la récolte 2009, à la mi-mars, et qu'il fallait écouler avant le mois d'août prochain pour libérer les aires de stockage pour la nouvelle production.

 Selon l'OAIC, il faut, pour liquider ces stocks de blé dur, enlever 1 à 1,2 million de quintaux par mois. Ce qui n'a été fait qu'au compte-goutte, et après les menaces dirigées contre les transformateurs qui avaient préféré acheter à l'international leur blé dur. Les quantités des transformateurs et autres meuniers qui n'ont toujours pas été enlevées seront cédées aux entreprises régionales des industries alimentaires et dérivés (ERIAD), a indiqué par ailleurs le directeur général de l'OAIC. Pour autant, il affirme que les transformateurs ont tout à fait le droit d'importer leur matière première, c'est-à-dire le blé dur, mais ‘'cela doit se faire dans un cadre organisé». Un comité interprofessionnel des céréales sera installé prochainement, selon M. Kehal, lequel comité, ajoute-t-il, devra prendre en charge tous les problèmes en suspens et mettre en place une politique de régulation du marché national des céréales. ‘'Dans cet espace de concertation, nous allons discuter et régler définitivement ces problèmes d'approvisionnement du marché et des quotas», précise-t-il.




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