Céréales'

Changement ? Beaucoup ne le savent certainement pas, mais l'Algérie était, pendant longtemps, un véritable «grenier à blé» pour une partie de l'Europe.Dans un livre intitulé Céréales d'Algérie, paru en 1930, Léon Ducellier signalait que les rois numides ont envoyé «à différentes reprises plusieurs centaines de milliers de boisseaux de grains à Rome».Sous le règne des Ottomans, «des navires chargés (de céréales) à destination de la France et de l'Angleterre» partaient régulièrement des ports d'Algérie, ajoutait-il. Plus proche de nous, la France colonialiste exportait, chaque année, des quantités importantes de céréales vers l'Hexagone. Qu'en est-il aujourd'hui?' Non seulement l'Algérie n'exporte plus de céréales, mais pis encore, elle en importe.Au cours des onze premiers mois de l'année dernière, les quantités importées se sont élevées à 9,13 millions de tonnes, contre 8,81 millions durant la même période en 2012, soit une hausse de 3,5%, selon des statistiques du Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis).La facture a été, quant à elle, de l'ordre de 2,92 milliards de dollars contre 2,83 milliards à la même période en 2012, soit une augmentation de 3,03 % en une année. Mais comment expliquer cette mutation profonde?' Qu'est-ce qui a fait que notre pays devienne, en quelques années, un grand importateur de céréales après avoir été, pendant longtemps, un exportateur ' Dans une contribution portant sur «la croissance démographique et le problème alimentaire en Algérie, l'exemple des céréales» publiée dans le numéro 68-69 de la Revue du monde musulman et de la Méditerranée, le chercheur Hosni Boukerzaza expliquait que ce retournement «est le résultat d'une évolution caractérisée par la conjonction négative de deux faits majeurs : la stagnation de la production et l'augmentation parallèle de la population». A ce propos, il a fait remarquer que l'Algérie a produit en 1890 quelque 16 800?000 quintaux de céréales pour une population estimée à l'époque à 4?124?000 habitants. Un siècle après, le nombre d'habitants a sextuplé (25 068?000), alors que la production a légèrement... baissé (16?250?000 quintaux). Selon le nouveau ministre de l'Agriculture pour qui « il n'est pas normal que le pays importe les trois-quarts de ses besoins en céréales», l'explication est à chercher plutôt du côté de l'attractivité de l'agriculture.«Nous avons un déficit criant en main-d'?uvre dans le secteur, les jeunes préfèrent travailler dans les administrations», a indiqué Abdelouahab Nouri sur les ondes de la Radio nationale. Une chose est certaine?: l'Algérie continuera à recourir à l'importation de cette matière première de large consommation pour répondre à ses propres besoins intérieurs. Ce n'est pas demain la veille qu'il redeviendra le pays exportateur qu'il était.