C'est la mi-avril, mais d'Aïn-Defla à Relizane, en passant par Chlef, le thermomètre a dépassé les trente degrés la semaine dernière. Une odeur d'été, qui ramène avec elle l'inévitable spectre de la sècheresse.
Le spectre de la sècheresse commence à planer sur la plaine du Cheliff, où une brusque remontée de la température, en fin de semaine dernière, a suscité une forte inquiétude chez les fellahs. Alors que le printemps semblait s'installer dans cette région connue pour sa pomme de terre et ses pastèques, unchangement de température brutal,mercredi dernier, a poussé le thermomètre au-delà de trente degrés, provoquant un changement total de climat.
Pour les fellahs, ce réchauffement intervient au mauvais moment. «On est passé de l'hiver à l'été en quarante-huit heures», raconte un fellah. «On avait peur du mildiou et des aléas de l'hiver, on passe directement aux problèmes de l'été, alors qu'on n'était pas encore préparés», dit-il. Pour lui, cette bouffée de chaleur signifie «faudra irriguer la pomme de terre plus, et plus longtemps. Donc des frais supplémentaires».
Dans la plaine d'El-Amra, au nord-ouest de Aïn-Defla, fief de la pomme de terre, et plus à l'est, vers Mekhatria, cet effort dans l'irrigation se voit dès qu'on sort du village. A perte de vue, des asperseurs irriguent des champs de pomme de terre. Il y en a partout, ce qui donne à la région une image de vie et de dynamisme exceptionnelle.
Mais les fellahs n'ont pour heure pas le temps d'apprécier cette beauté. Pour eux, le quotidien prime. «La récolte est très en retard cette année, à cause du froid et du gel. La récolte de pommes de terre arrivera probablement avec deux à trois semaines de retard», nous dit un autre fellah. Et quand on lui annonce que les services de la météo annoncent un nouveau rafraichissement au milieu de cette semaine, il se tape le front. «Ces changements de température constituent un terrain très favorable au mildiou», qui reste la hantise des fellahs.
DEUX JOURS DE PLUIE, C'EST UN DEMI-MILLION DE TONNES DE CEREALES
Mais si, pour la culture de la pomme de terre, l'irrigation a été toujours pratiquée, pour les céréales, par contre, c'est une nouveauté qui tend à se généraliser pour les fellahs qui en ont les moyens. Il s'agit généralement de fellahs exploitants des superficies moyennes, qu'ils peuvent maitriser. Mais leur nombre reste très limité, en raison de la logistique qu'impose un tel choix.
«Les trois prochaines semaines seront cruciales pour les céréales», nous dit un agronome. «Jusqu'à présent, la pluviométrie a été moyenne. Elle promet une récolte moyenne pour les céréales qui ne sont pas irriguées». Selon lui, il suffirait qu'il y ait de la pluie deux fois, avant fin avril et à la mi-mai, pour garantir la récolte. A défaut, les épis ne connaitront pas la croissance voulue», dit-il, précisant : «cela se joue à peu de choses, mais à l'échelle d'un pays comme l'Algérie, deux jours de pluie consécutifs, c'est un demi-million de tonnes de céréales», dit-il.
Mais ceci concerne la plaine du Cheliff, où la récolte se fait relativement tôt. Ailleurs, dans les Hauts Plateaux, à Sétif et Tiaret, par exemple, où d'immenses superficies sont consacrées à des cultures extensives de céréales, les données changent. Les récoltes sont plus tardives, et les besoins en irrigation changent. Mais ce choix parait inévitable pour le long terme : «l'irrigation d'appoint pour les céréales est inévitable», selon cet agronome.
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Posté Le : 23/04/2013
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Ecrit par : Abed Charef
Source : Le Quotidien d'Oran du mardi 23 avril 2013