Le centre a été mis en service en dépit de l’inexistence des équipements nécessaires pour le traitement des ordures qui devaient être installés en même temps que les casiers de stockage des déchets. Il s’agit d’un centre de tri, un incinérateur et des déchetterie pour les déchets inertes.
Pour arriver au centre d’enfouissement technique de Béjaïa, qui a été mis en service la mi-août dernier, sur les hauteurs de Sidi Boudrahem, à moins de dix kilomètres au sud du chef lieu de wilaya, il faut emprunter une route escarpée, potentiellement dangereuse, qui met au «défi» les plus puissants des engins mécaniques.
Non éclairée, les camions de l’APC, aux feux défectueux, l’empruntent en avançant parfois par tâtonnement, les chauffeurs priant pour que l’engin ne tombe pas en panne sur cette côte.
«La route est difficile. Nous l’appréhendons cet hiver, surtout que nous sommes appelés à s’y rendre de nuit également et au petit matin, vers 5h. L’éclairage et les glissières censés sécuriser un tant soit peu le chemin sont inexistants», dit un chauffeur.
«Chaque matin, pratiquement, nous nous retrouvons avec une ou deux pannes des camions», ajoute un autre conducteur.
Au pied du mont, des monceaux de déchets de bâtiment jonchent les accotements. Les déchets durs qui ne sont pas autorisés dans ce centre de stockage de classe 2 sont déversés par les transporteurs sur les abords de la routes pour s’en débarrasser.
Rencontré dans l’enceinte du centre, le directeur de l’établissement public de gestion des CET de la wilaya, Amari Athmane, explique que «ce centre d’enfouissement est de classe 2. Il ne reçoit pas les déchets inertes. Il est conçu pour stocker les ordures ménagères et assimilés».
Malheureusement, certains camionneurs n’hésitent pas à décharger des gravats et déblais sur les abords de la route au lieu de partir sur la décharge de Boulimat. Mais afin d’empêcher cette infraction, M. Amari a trouvé un procédé dissuasif.
«Dès que nous refusons l’accès à un transporteur de matières non autorisées dans ce CET, nous prenons ses coordonnées et nous le faisons escorter ou suivre, par un agent de la sécurité à bord d’une moto afin de nous assurer qu’il ne déversera pas son chargement sur la route. Dans le cas contraire, il sera signalé aux autorités compétentes» explique notre interlocuteur.
Manque d’équipements
Le Centre d’enfouissement technique de Béjaïa a été mis en service dans la précipitation. Et ce même s’il a accusé un retard de cinq ans dans sa réalisation. Le wali de Béjaïa a ordonné l’ouverture de ce CET en dépit de l’inexistence des équipements nécessaires pour le traitement des ordures qui devaient être installés en même temps que les casiers destinés à recevoir les déchets. Ainsi, les déchets son stockés sans qu’ils ne soient traités en l’absence d’un centre de tri, des déchèteries et un incinérateur.
Installée depuis longtemps, la direction l’Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) chargé de gérer le CET se contente, à cet effet, d’un contrôle visuel des déchets à autoriser ou pas dans le site. Le pont-bascule qui permet la pesée des chargements à fin d’établir des statistiques et définir le prix exact que les «clients» doivent payer pour décharger les déchets, n’est pas installé.
«On devrait accueillir le pont-bascule dans pas moins de quinze jours. En attendant, nous établissons les prix au forfait et quantifions les ordures approximativement», dit le responsable de l’Epic, qui ajoute que «nous avons signé des conventions avec l’APC de Béjaïa, des particuliers ainsi que des chefs d’entreprises qui définissent les prix, entre autres».
A l’intérieur du casier, d’une capacité de 200.000 m³, les ouvriers de l’Epic, équipés de gants et autres moyens de protection, procèdent au tri manuel des déchets récupérables comme le plastique, le papier et le fer.
Interrogé au sujet de l’absence d’un centre de tri dans l’enceinte, le directeur par intérim de la direction de l’Environnement de Béjaïa, reconnaissant le manque des équipements dans ce CET, a indiqué que «nous avons proposé à la tutelle d’inscrire un centre de tri dans l’enceinte du CET».
Et ce n’est pas une assiette de terrain qui empêchera la réalisation de ce centre de tri, puisque le directeur du CET a indiqué que «nous nous sommes entendu de proposer ce morceau de terre», pointant le doigt vers une assiette jouxtant la direction du site.
A peine le site a ouvert ses portes, il reçoit approximativement 350 tonnes de déchets par jour (24h), un potentiel à valoriser aux yeux du gérant.
A quand une déchetterie ?
La fermeture définitive de la décharge de Boulimat, située à l’entrée Ouest de Béjaïa, n’est pas pour demain. Car si les ordures ménagères et assimilés sont évacués vers le centre d’enfouissement technique de Sidi Boudrahem, à l’entrée sud de la ville, les déchets inertes et encombrants (meubles, frigo et autres objets) continueront d’être acheminés et brûlés à Boulimat.
Et ce, en l’absence de déchetteries spécialisées dans la récupération et le recyclage de ces matières dures pour d’autres usages. Ne pouvant pas être autorisés dans le CET, les déchets inertes et encombrants, comme les rejets des chantiers et autres déchets durs, sont jetés à l’extérieur du centre et parfois même dans la nature.
Car pour le moment, dit Saci Sghir, chargé de l’Environnement à l’APC de Béjaïa, «le CET reçoit uniquement les déchets ménagers. Parce que, pour traiter les autres types de rejets, notamment les déchets inertes et les déchets encombrants nous avons besoin de deux déchetteries».
Toutefois, le responsable a informé qu’«à l’heure actuelle, nous sommes en phase de prospection pour trouver des assiettes de terrain afin d’implanter les deux décheteries». Pour ce faire, indique le même responsable, une commission a été mise sur pied depuis quelques semaines à cet effet. N. D.
Photo: Le centre d’enfouissement technique de Sidi Boudrahem avec son casier de 200.000 m3
Nordine Douici
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Posté Le : 27/09/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ; texte: Nordine Douici
Source : elwatan.com du mardi 22 sept 2015