Algérie

Centrale gaz-solaire de Hassi R'mel : un lancement et des bémols



L'inauguration, jeudi dernier, de la première centrale électrique hybride (gaz-solaire) d'Algérie dans la région saharienne de Hassi R'mel, marque le début effectif de la mise en Å“uvre du programme national des énergies renouvelables. Derrière la satisfaction voire le triomphalisme quelques remarques en forme de bémol.

La centrale a été inaugurée par le ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, en présence du ministre espagnol de l'Industrie, du Tourisme et du Commerce, Miguel Sebastiàn. Cette mise en marche de la centrale marque ainsi le lancement effectif du programme national des énergies renouvelables, approuvé en février dernier par le gouvernement, qui prévoit de porter à 40% la part des énergies renouvelables dans la production nationale d'électricité à l'horizon 2030. C'est la première centrale au monde qui combine une matrice de miroirs paraboliques et une centrale à turbines à gaz. Sa capacité de production est de 120 mégawatts produits à partir du gaz et 30 mégawatts par l'énergie solaire. Elle est destinée à la société nationale pétrolière Sonatrach, mais a été réalisée en partenariat entre la société algérienne NEAL et la société espagnole Abener. Le facteur environnement occupe une place importante dans le projet dont les émissions en Co2 devraient être réduites de quelque 33.000 tonnes/an par rapport aux centrales électriques traditionnelles. Plus de 7 millions de m3/an de gaz naturel seront ainsi économisés pour être exportés ou utilisés dans d'autres applications.

Questions sur des choix contestables

La centrale de Hassi R'mel a failli être la première centrale électrique combinant la source d'énergie fossile la moins polluante – le gaz naturel – et l'énergie solaire, propre et renouvelable à souhait. Il en existe une autre, déjà opérationnelle depuis novembre 2010 au Maroc. Il s'agit de la centrale d'Aïn Beni Mathar, située dans l'est du pays, non loin des frontières avec l'Algérie. Cette dernière, dont la capacité projetée initialement de 452 MW a été revue à la baisse, comprend un cycle combiné et une composante solaire de 20 MW. Par ailleurs, un nouveau projet de centrale hybride a été lancé l'année dernière. La nouvelle centrale électrique, d'une capacité de plus de 300 MW, sera située dans le port de Kenitra, à 40 kilomètres au nord de Rabat, la capitale du Maroc.

 Equipée de trois turbines à gaz de type 9E, celle-ci fonctionnera principalement avec du fioul lourd, ou du fioul raffiné en cas de besoin pour pallier à toute rupture d'alimentation en gaz. A ce niveau, quelques remarques s'imposent. Premièrement, un projet gaz-solaire vise à la protection de l'environnement. On ne comprend pas, alors, le choix, pour Hassi R'mel, de turbines à gaz à faible rendement au lieu d'un cycle combiné comme c'est le cas pour les centrales marocaines. Deuxième objectif avoué par les promoteurs du projet : développer la filière solaire pour économiser le gaz naturel et l'affecter à d'autres besoins domestiques ou à l'exportation, plus rémunératrice. Pourquoi alors gaspiller une ressource aussi vitale dans une technologie dépassée ? Il semble donc urgent de revoir certains choix technologiques pour le gaz. Il serait aussi judicieux de s'assurer d'un réel transfert de technologie pour la filière solaire thermique. Au fait, qu'en est-il à Hassi R'mel ?




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