Algérie

Centrafrique



Centrafrique
Au lendemain de la démission de Michel Djotodia, qui a fait un bref passage à la présidence de la Centrafrique, et son remplacement par un président intérimaire, le président du Conseil national de transition (CNT, Parlement provisoire), Alexandre-Ferdinand Nguendet, la sécurité a commencé à revenir à Bangui et dans les autres villes du pays, marquées depuis un mois par de meurtrières violences qui ont fait plus d'un millier de morts. Comme par enchantement, chrétiens et musulmans ont retrouvé les bienfaits du vivre-ensemble après s'être affrontéspendant plus d'un mois au nom de leur appartenance religieuse. Le présidentintérimaire se pose en rassembleur pour sortir le pays d'une crise qui a failliprovoquer son éclatement. On était en fait face à un scénario à la soudanaise. Selon lui, «l'anarchie est terminée», aussi bien dans la capitale qu'ailleurs. «Aux ex-Séléka, aux anti-Balaka et aux amoureux du pillage, je vous lance une mise en garde sévère, c'est terminé la récréation», a-t-il déclaré devant lesofficiers de l'armée régulière, au siège de l'état-major de la gendarmerie. Les anciens partisans de Djotodia ont commencé à rejoindre les rangs de l'armée par peur des représailles. Dans certains quartiers de Bangui, le calme est revenu et les habitants qui ont déserté leurs maisons reviennent progressivement. Les médias qui suivent de près la situation en Centrafrique commettentdes comptes-rendus qui rassurent une communauté internationale qui était aux aguets pendant des semaines, craignant un nouveau conflit sur un continent constamment instable. Cette suite «heureuse» des évènements s'est faite grâce à la mobilisation diplomatique des pays voisins de la Centrafrique. Ces Etats, réunis au sein de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (Ceeac), ont réussi le défi de faire venir les différentes parties en conflit autour de la table des négociations et convaincre le successeur du président déchu, François Bozizé, a quitter le pouvoir sans poser la moindre condition. Pourtant, cette organisation sous-régionale a été créée pour répondre aux besoins de la coopération économique entre les dix pays qui la composent et dont fait partie la République centrafricaine. Son implication dans le champ politique et sécuritaire s'avère en fait inévitable vu les enjeux économiques existants. «Les enjeux sont considérables, au vu de la situation géographiqueprécisément centrale de la Centrafrique et de la richesse de ses ressources encore sous-exploitées». Effectivement, la Centrafrique constitue un carrefour que les puissances économiques occidentales veulent contrôler. Mais les membres de la Ceeac ont aussi le même souci de préserver cette route commerciale qu'est la Centrafrique, d'où leur mobilisation aussi bien durant la chute de François Bozizé, en mars dernier, qu'au début de ce mois de janvier après avoir constaté que la situation allait atteindre le point de non-retour. La réalité économiqueafricaine impose le fait qu'aucun pays du continent ne peut s'en sortir sans les autres. Les Africains ont besoin les uns des autres pour s'en sortir économiquement et commercialement. L'instabilité d'un pays déstabilise à chaque fois ses voisins et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Car tout conflit armé provoque l'exode massif des populations au-delà des frontières et nécessite la mobilisation d'importants moyens matériels et financiers qu'aucun Etat africain n'est en mesure d'offrir en cas de crise majeure. Outre les intérêts économiques qui ont motivé la Ceeac à peser de tout son poids pour faire cesser les violences à Bangui, éviter un énième conflit ethnico-religieux sur le continent s'est avéré plus qu'urgent, au vu de ce qui se passe parallèlement au Soudan du Sud, en République démocratique du Congo, au Nigeria, au Darfour et dans d'autres pays du continent noir, où les équilibres demeurent fragiles un demi-siècle après la fin de la colonisation. En Centrafrique, les prochaines échéances électorales, dont la présidentielle, constituent une étape décisive dans l'instauration de la paix, nécessaire à la reconstruction de ce pays qui dispose de suffisamment de potentialités pour sortir du sous-développement.L. M.




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