Quelques semaines après Yennayer, la Soummam s’apprête à célébrer Amenzu n’tfsut, la fête du printemps.
Elle signe le point de départ de la belle saison, symbole de résurrection et du renouveau de la vie. Si les rituels marquant le retour du printemps, différent d’une contrée à une autre, ils ont comme dénominateur commun l’usage d’une plante aux allures prosaïques, mais ô combien vertueuse, le thapsia (Thapsia garganica). Dans le jargon vernaculaire, elle est connue sous le nom d’Adheryis ou Bounafaâ. C’est la vedette incontestable et incontestée de la fête du printemps. «La célébration d’amenzu n’tefsut est inconcevable sans la présence d’Adheryis. Il s’est tissé entre les deux un lien intime, naturel pour ainsi dire. On peut se passer des fèves, des œufs ou de je ne sais quel ingrédient, mais jamais de cette plante mythique», dira un vieillard de la région d’Ath Abbès. Depuis une dizaine de jours, les racines de cette plante abondent dans les coins des marchés hebdomadaires. Elle est même proposée à la vente par certains marchands de fruits et légumes et aux abords des routes. «Le thapsia n’est pas comestible. On se contente de la faire bouillir et recueillir les bienfaits des vapeurs de cuisson», rappelle un citoyen d’Ouzellaguen. Adheryis pousse à profusion dans les plaines de la vallée de la Soummam. Elle colonise les prairies naturelles, les étendues champêtres et les sous-bois. La plante est vivace par son système radiculaire robuste et profondément incrusté dans le sol. Adheryis est aussi impavide par sa rusticité qu’immémoriale par ses multiples usages en phytothérapie. Les Grecques s’en servaient déjà contre les morsures de serpent. La pharmacopée locale lui reconnait des indications comme fortifiant, purgatif et comme remède contre le rhumatisme. «Un maximum de précaution est recommandé car un surdosage peut entrainer une irritation de la muqueuse gastrique, pouvant évoluer vers une gastrite», met en garde un médecin. Par ailleurs, alerte-t-il, «le thapsia renferme de puissants allergènes». Selon le praticien, l’ingestion d’infimes quantités de ces substances peut induire chez les personnes sensibles une réaction exacerbée, avec un tableau clinique proche de l’anaphylaxie.
Posté Le : 29/04/2019
Posté par : a3chab
Ecrit par : N. Maouche
Source : depechedekabylie.com