A l'instar des autres régions du pays, la ville de Médéa n'est pas restée en marge.Elle a aussi fêté, à sa manière, cette date anniversaire, qui a vu naître la première Assemblée populaire communale soumise aux suffrages de la population locale, un certain mois de février 1967. C'était une nouvelle ère qui venait juste de s'ouvrir pour le peuple algérien, après une colonisation française de plus de 130 ans de souffrance, de misère et de pauvreté, de spoliation des meilleures terres agricoles et de privations à l'extrême.
Une rétrospective ! L'équipe qui devait former la première APC a été choisie à cette époque minutieusement, avec des pincettes, parmi les gens les plus dévoués, sincères, aptes et volontaires pour se sacrifier et donner tout leur temps à cette cause nationale sacrée. Oui, des hommes peu lettrés, mais capables d'exploit, dont l'objectif est de remettre debout une situation chaotique et également panser les profondes plaies d'une population meurtrie, ensanglantée et mutilée durant sept ans et demi d'une guerre de libération atroce et cruelle, laissant derrière elle des séquelles incommensurables.
Des milliers d'orphelins, de veuves, de sans-abri vivant dans des conditions déplorables? La tâche n'a pas été très facile, comme on l'imagine, pour ces pionniers de l'APC. Ils ont été confrontés dès leur installation à d'immenses problèmes devant des caisses de la municipalité complètement vides, sans le moindre petit sou pour venir au secours de ces nombreuses familles vivant sous le seuil de la pauvreté, dont la plupart se nourrissaient de racines, de plantes végétales et de fruits sauvages forestiers. Il n'y avait pas à cette époque la rente pétrolière. C'était le grand défi à remporter pour ces hommes volontaires, qui ont été à la hauteur de la responsabilité, en donnant une véritable leçon au colonisateur français qui voulait faire payer et faire regretter l'indépendance aux Algériens.
La mission était possible grâce à la bonne foi et à l'intégrité de tous les membres de cette Assemblée, qui agissaient comme un seul homme, dont certains venaient tout juste d'ôter la tenue de maquisard pour se porter disponible pour un autre combat, beaucoup plus ardu, celui du développement du pays. Aussi, ils ont compté sur l'appui indéfectible de l'élan de partage et de solidarité exemplaire de l'ensemble des habitants de la commune. Ils ont su également surmonter une partie du gros des difficultés et franchir l'étape de la terre brûlée, léguée par l'occupant français, pour rendre le sourire à des milliers d'enfants en leur assurant pour certains la première fois une place sur un banc d'école et aux malades de se faire soigner dans les dispensaires de santé publique grâce à la délivrance de la fameuse carte d'indigence délivrée par l'Hôtel de Ville.
Car, à cette époque, l'hospitalisation et l'accès aux soins étaient payants. Aussi, on remettait des bons de pain aux plus nécessiteux connus par toute la société, sans l'immixtion d'autres intrus profiteurs sans scrupule, comme on le voit aujourd'hui lors de la distribution du fameux couffin de Ramadhan.
Hommage au premier P/APC de Médéa
Abderrezak Hadj Hamdi, un homme charismatique, a été choisi en ce mois de février 1967 par la majorité absolue des électeurs pour la destinée de cette première APC afin de la mener à bon port. Jeudi dernier, il a été l'invité de marque à la salle des délibérations de l'Hôtel de Ville de Médéa pour fêter cet heureux événement et recevoir des mains du wali, Mohamed Bouchama, un symbolique cadeau récompensant ses efforts, son abnégation et son sens de la responsabilité.
Drapé dans un trench-coat beige, le pionnier des P/APC est âgé aujourd'hui de 88 ans, cheveux gris et visage gardant toujours les mêmes traits d'un bel et grand homme, dont le sourire ne quitte pas le bout des lèvres. Il garde aussi de bons souvenirs et de croustillantes anecdotes, qu'il aime à raconter aux intimes. Il a fait part à un groupe de nouveaux élus que le P/APC de l'époque ne touchait aucun centime pour la responsabilité municipale qu'il occupait et n'avait aucun moyen de transport à sa disposition et devait utiliser sa propre voiture (une Renault Dauphine) pour se déplacer dans le cadre de ses missions. Il raconte qu'il évitait de passer parfois devant les terrasses des cafés de la place publique, car ne possédant en poche aucun sou sur lui pour payer un café à des amis ou des administrés. La situation est absolument incomparable aujourd'hui.
On se bouscule et on déterre la hache de guerre pour s'emparer de la responsabilité similaire et pour profiter et s'enrichir aux frais de la princesse. D'autres ont recours à la «chekara» pour enlever ces postes. Alors que les anciens, du moins la plupart d'entre eux, ont tout donné et n'ont rien eu en contrepartie, même pas un simple remerciement de reconnaissance au moment où ils ont quitté, pour certains d'entre eux, ce monde dans l'anonymat total et la précarité.
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Posté Le : 21/01/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A Teta
Source : www.elwatan.com