L'antique Theveste est désignée pour recevoir des invités des quatre coins des Aurès pour un grandiose Yennayer, et se proclamer capitale amazighe, même le temps d'une fête.
Les partisans de la mémoire ont eu le dernier mot. Il y a à peine une dizaine d'années, la fête du nouvel an amazigh était une affaire d'associations et de mouvement culturel, sinon une pratique réservée aux zones recluses et profondes, n'ayons pas peur des mots, pour dire que cette pratique était dite archaïque et approchée avec un certain dédain.
De nos jours et depuis quelques années, le travail du mouvement associatif et culturel semble avoir porté ses fruits.
Les quelques îlots qui continuaient vaille que vaille et depuis des millénaires à faire la fête, même une toute petite fête pour célébrer Yennayer ('ikhf nousgwas"), le nouvel an, dans l'intimité et presque dans la discrétion, ont fait tache d'huile. C'était surtout les zones berbérophones où le mouvement culturel avait bon ancrage : Imsounine, T'kout, Bouzou, Ifker, M'sara, Menaâ où, conscients de ce legs immatériel, des initiateurs et animateurs du mouvement culturel amazigh et de la ligue Aurès n'ont jamais baissé les bras quant à l'organisation de cette manifestation plurimillénaire qui, à leur yeux, mais surtout dans leur conscience constituait le maillon qu'il ne fallait ni oublier ni perdre, même si ce n'était pas la seule occasion que les leaders du mouvement culturel ont célébrée avec les populations des zones rurales : amenzou n'yennar, thifsouine et bien d'autres occasions.
L'année passée et cette année, en l'occurrence 2962 et 2963 selon le calendrier berbère, ont a assisté à une extension, mieux encore un envahissement du désir de fête et de célébration du rendez-vous la nuit du 12 janvier de chaque année.
On ne parle plus des deux vallées ('ighzar a melel" ou 'oued abdi", ou encore la vallée de Belezma ou les hauteurs des Aïth M'loul), mais plutôt de tout le massif des Aurès dit pays chaoui.
De la capitale des Ziban, Biskra, jusqu'à Tébessa, où la plus grande manifestation aura lieu cette année, l'antique Theveste est désignée pour recevoir des invités des quatre coins des Aurès pour un grandiose Yennar et se proclamer capitale amazighe, même le temps d'une fête.
De quel Aurès parlons-nous ' Aussi bien du géographique que du linguistique, car aussi bien là où l'on parle chaoui ou pas, la pratique est restée vivace, bien sûr avec quelques variantes et particularités qui distinguent les différentes zones du massif auressien.
Imsounine ou encore Aït Frah se trouvent administrativement dans la wilaya de Biskra, mais c'est toujours l'Aurès par la langue, c'est valable pour Gosbates, Ras El-Ayoun, Aïth Slam plutôt proches de Sétif mais auressiennes par la langue. Valable pour Tifeche, Sedrata, M'daourouche, dans la wilaya de Souk Ahras. N'empêche, la fièvre de la fête n'a pas de frontières.
La presse nous fait écho quotidiennement des préparatifs à Oran, Tlemcen, Timimoun. Yennayer fête nationale disent les partisans de l'officialisation de la journée, comme fête à travers le pays et journée chômée payée. Ainsi, cette occasion dite nouvel an berbère ne se limite aucunement aux zones berbérophones, aussi bien en Algérie que dans les pays voisins, Maroc, Tunisie, Libye et jusqu'à Siwa en haute Egypte, où l'on parle encore la langue des ancêtres, tamazight.
Nayer, Yennar ou Yennayer, autant d'appellations que de mythes et de réalités historiques se mélangent. Il faut reconnaître qu'une civilisation vieille de 2663 ans, dont le début du comptage est tour à tour attribué dans certains mythes comme nous l'indique Rachid Oulebsir (auteur) à une histoire qu'on raconte aux enfants autour de l'âtre et qui explique pourquoi le mois de fourar (février) ne possède que 29 jours et que Yennayer (janvier) en a 31. C'est la faute d'une vieille et belliqueuse qui se moque du mois de Yennayer pour sa courte durée, celui-ci emprunte à Fourar quelques jours de froid et se vengea de la bergère. D'autres auteurs historiens et ethnologues font coïncider cette date avec la victoire du roi et guerrier berbère Chuchnuque 1er qui fut intronisé Pharaon en égypte et le début de son règne coïncide avec exactitude avec l'an 2963.
Peut importe, nous disent les jeunes organisateur de la fête de Yennayer, ça prouve que nous ne sommes pas un patrimoine morbide mais une civilisation. À la cité Ali Nmeur, où les jeunes et les anciens se sont mis de la partie, la fête a débuté par l'hommage rendu à un grand militant et infatigable démocrate qui nous a quittés il y a 4 ans, en l'occurrence Amar Negadi, pour que les festivités se poursuivent toute la nuit. De même à Ouled Rachache (wilaya de Khenchela), Imsounine (wilaya de Biskra) ou encore T'kout qui, en dépit de sa douleur, rend hommage dans la dignité à ses enfants et grâce à ses enfants. Dîner copieux, grand nettoyage des maisons et préparation de l'incontournable tighrifine (pour certains ghraif et pour d'autres baghrir). En tout cas, il reste l'ancêtre des crêpes (sic)... Asegwas ameggaz 2963.
R H
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Posté Le : 13/01/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rachid Hamatou
Source : www.liberte-algerie.com