«Ce titre de champion, l'Entente ne le doit à personne» Hubert Velud (entraîneur de l'ES Sétif) au Temps d'Algérie :

Le Temps d'Algérie : Cette consécration vous comble-t-elle '
Hubert Velud : Elle me comble d'autant plus que j'étais loin de m'y attendre. Pour moi, cela allait être une saison de transition sans plus surtout avec une équipe dont le groupe de joueurs a été renouvelé à 80% durant l'intersaison. Vous imaginez ce que doit être ma joie quand je la vois en haut de l'affiche loin devant tous ses adversaires.
D'autant qu'elle démarrait le championnat avec la qualité de champion en titre, d'où la réputation d'équipe à battre.
C'est exactement cela. Je suis arrivé dans une équipe qui venait de réaliser une sacrée saison avec un doublé à la clé. Difficile de faire mieux. On a coutume de dire qu'il est plus facile de parvenir à la première place que de s'y maintenir. L'Entente championne d'Algérie ce n'est plus l'Entente qui a terminé deuxième ou troisième. Chacun veut réaliser l'exploit devant elle d'où la complication de sa tâche.
On a dû pourtant vous mettre face au grand défi de conserver ce titre de champion.
Détrompez-vous. Ce n'est pas du tout ce qui s'est passé à mon arrivée à Sétif. J'ai eu affaire à des dirigeants extrêmement réalistes. Certes l'ESS venait de remporter le doublé mais durant l'intersaison son effectif a considérablement changé avec un renouvellement de 80% du groupe de ses joueurs. Ces dirigeants ne m'ont mis aucune pression. Ils m'ont demandé de coacher l'équipe en lui faisant obtenir le meilleur classement possible en championnat. Sans plus. C'était un challenge abordable puisqu'on ne mettait pas la pression de remporter un nouveau titre à tout prix.
Cette réussite de votre équipe vous l'attribuez à quoi '
Très certainement à notre préparation durant l'intersaison. Très souvent un titre se conquiert grâce à la préparation d'avant-saison. Nous avions passé trois semaines durant le mois de ramadhan en Tunisie, trois semaines utilisées à 100% où la qualité du travail avait été à la hauteur des aspirations du club. Trop souvent une équipe dont l'effectif a été remanié en profondeur a besoin de beaucoup de temps pour trouver la cohésion et l'équilibre entre ses lignes. A l'Entente ce résultat a été obtenu très rapidement grâce à la volonté des joueurs qui ont vite assimilé le message que je leur ai transmis.
Le public a-t-il été pour quelque chose dans cette consécration '
Il l'est toujours dans la réussite d'une équipe. Cette dernière ne serait rien si elle sent qu'elle n'est pas soutenue. Sétif est une ville de football avec des gens qui vivent et parlent de ce sport sans discontinuer. Son public sait faire communion avec son équipe jusqu'à la pousser à aller au-delà de ses efforts.
Ce titre de champion ne vient-il pas aussi des ratages de vos adversaires '
Vous savez un titre se gagne parce que vous êtes le plus fort sur le terrain. Le championnat c'est la régularité. C'est à celui qui sait aligner le maximum de bons résultats que le titre revient en fin de saison. Ce n'est parce que vous réalisez deux ou trois exploits dans la saison que vous devez penser qu'une telle consécration va vous échoir. Il faut savoir durer dans les performances. Je ne pense pas qu'un autre club ait fait mieux que l'ESS en ce domaine-là cette saison. Ce titre, elle le mérite amplement. Elle le doit à elle-même et à personne d'autre. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir discussion sur ce sujet. Pas un de nos rivaux n'a osé contester la légitimité de notre équipe à remporter ce titre de champion d'Algérie.
A quel moment avez-vous senti que l'Entente était capable de remporter le titre de champion d'Algérie '
Vers la fin de l'année 2012. Je sentais à ce moment-là que la machine était bien lancée et que les joueurs étaient bien concentrés sur leur sujet.
Avez-vous eu des craintes durant son parcours '
Oui. Cela s'est passé juste à la reprise du championnat lors de la phase retour. Nous venions de perdre trois joueurs durant le mercato hivernal et nous ne les avions pas remplacés. Il se trouve que les joueurs que nous avions promus nous ont prouvé qu'ils avaient de la qualité. La force de l'ESS c'était aussi cela, des joueurs pas souvent alignés qui démontrent rapidement qu'ils étaient prêts à relever défi.
Quelles ont été, parmi
vos adversaires, les équipes que vous avez appréciées '
Incontestablement l'USM El Harrach. Non seulement cette équipe dispose d'un effectif de joueurs très jeunes mais en plus elle développe un football de qualité. Le fait qu'elle ait réussi à prendre le dessus sur elle valorise le succès final de l'Entente. J'ajoute le MCA et l'USMA qui sont des équipes avec des effectifs très riches aussi bien en qualité qu'en quantité.
Vous achevez une saison en apothéose.
Peut-on croire que vous êtes partant pour un nouveau tour de piste la saison prochaine avec l'Entente '
Je suis en pleine discussion avec mes dirigeants sur ce sujet (interview réalisée avant qu'on ne le donne partant pour un nouveau bail avec l'ESS). Je ne vous cache pas que je voudrais bien rester à l'Entente car je sens qu'il y a un très bon projet à y réaliser. Mais vous savez il y a des paramètres dont on doit tenir compte.
Un dernier mot sur la Ligue des champions africaine de laquelle l'ESS a été éliminée avant la phase de poules. S'agit-il d'une compétition au-dessus des moyens des clubs algériens '
Absolument pas. Les clubs tunisiens et égyptiens y réussissent, pourquoi les clubs algériens n'en feraient-ils pas autant ' Je peux même vous dire qu'on peut se battre sur les deux tableaux, championnat national et Coupe d'Afrique. Il faut, pour cela, disposer d'un effectif de joueurs prêts à ce genre de compétition internationale. Il faut être bien armé sur le plan offensif mais surtout avoir les joueurs derrière aptes à des combats rudes, des joueurs physiquement et athlétiquement au top. Je ne pense vraiment pas que ce soit une compétition trop élevée pour le football algérien.